L’Afrique n’est pas prête pour une direction sud-africaine
Le vote de l’UA met en lumière la désunion de l’Afrique écrivent Sam Mkoleli et Loyiso Langeni dans le Business Day du 31/01/2012
Le quotidien économique raconte comment la délégation sud africaine s’est mise à danser et chanter dans les couloirs du nouveau bâtiment de l’Union Africaine à Addis Adeba après le vote pour la présidence de la commission, semblant ignorer que leur candidate Nkosazana Dlamini Zuma avait perdu l’élection. Une « danse de la victoire » que le Business Day compare à celle qui s’est déroulée, l’an dernier, à la finale de la Coupe africaine des nations quand les joueurs avaient, par erreur, pensé que leur victoire leur était acquise.
L’Afrique du sud avait mis tout son poids pour l’élection de madame Dlamini-Zuma, mais, pour un expert, cité par le quotidien, « Pretoria a surestimé son influence sur le continent ». « La crise d’identité sud africaine –résultat de l’échec à exposer ce que veut le pays pour faire quoi en Afrique avec ou sans l’UA- a été un des obstacles majeurs rencontré par la candidature sud africaine », affirme le Business Day qui cite Jackie Cilliers de l’Institut of Security Studies « ce vote montre que la démocratie est vivante sur le continent mais il montre également la division et le fait que l’Afrique n’est pas prête pour que l’Afrique du sud prenne la direction de la commission ».
Le quotidien détaille les résultats des différents votes qui ont conduit à la non élection des deux candidats, Dlamini-Zuma et Jean Ping, qui se présentait à la sa propre succession, mais, remarquent les auteurs de l’article, 20 pays de la zone francophone qui auraient logiquement dû voter pour Ping se sont abstenus et seuls les 15 pays de la SADC ont soutenu la candidature sud africaine. L’article révèle également que les plus grands pays africains tels que le Nigeria, la Lybie et l’Egypte semblent avoir voté contre l’Afrique du sud.
Ce qui a fait dire à Mzukisi Qobo de l’Université de Pretoria « l’unité dans l’UA est une façade qui cache mal une piètre conception du panafricanisme ».
Un membre du gouvernement a déclaré que la candidature sud africaine était en discussion depuis 2010 à la demande des représentants des pays de la SADC. Il n’était pas certain, au moment de ce vote, que les règles de l’UA permettent à madame Dlamini-Zuma de se représenter en juin, lors de la prochaine Assemblée générale.
Source : http://www.businessday.co.za/articles/Content.aspx?id=163713
L’Afrique du sud est trop américaine pour diriger l’Union africaine.
Daily Maverick du 27/01/2012 par Simon Allison.
Ce n’est pas de l’arrogance, plaide le journal en ligne, mais c’est ainsi que c’est perçu. Pour les auteurs de l’article, « l’échec de la candidature sud africaine à la présidence de la commission de l’UA va renforcer l’opinion négative vis à vis de l’Afrique du sud sur le continent ». Le problème affirme Daily Maverick est que « nous sommes beaucoup trop perçu comme des Américains et il est trop tard pour changer de cap ».
Dans un long article, Simon Allison donne plusieurs exemples de la manière dont les Africains perçoivent son pays. Il évoque les succès de l’Afrique du sud comme la télévision câblée DSTV, les enseignes commerciales présentes dans tous les centres commerciaux du continent, shoprite, Nandos, MTN, Standart Bank. « Nous sommes un mastodonte économique et culturel qu’il est impossible d’arrêter ». Simon Allison comprend bien qu’il est difficile d’admettre en Afrique les relations d’amour avec l’Amérique, l’amour d’Hollywood, de Mc Donalds et en même temps le rejet de la politique étrangère des USA. « Notre prééminence est d’autant plus problématique que beaucoup de pays africains pensent que nous avons oublié leur soutien pendant la lutte contre l’apartheid ».
L’article relève aussi que la position de l’Afrique du sud vis à vis des récents conflits sur le continent, Lybie Egypte, Tunisie n’a pas été en adéquation avec la position majoritaire de l’UA. Y compris sur les questions en cours, comme le processus de pacification à Madagascar que l’Afrique du sud semble freiner. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, les relations entre l’Afrique du sud et l’UA ont été tendues tout au long de l’année passée et a créé une impression défavorable dans les cercles diplomatiques. Pour Mehari Taddele Maru, chef du programme de prévention des conflits de l’Institut of Security Studies (ISS), cité par Daily Maverick « beaucoup s’inquiètent du fait que l’Afrique du sud ne parvient pas à maintenir ses positions. Il y a beaucoup d’hésitations dans la politique étrangère et pas assez de cohérence, de participation directe ».
L’article du Daily Maverick s’attache également à analyser le rôle qu’a pu jouer la personnalité de madame Dlamini-Zuma, le fait qu’elle fut une ex-épouse de Jacob Zuma.
Pour conclure, Simon Allison reconnaît que les accusations d’arrogance vis à vis de l’Afrique du sud « ne sont pas totalement déplacées. L’Afrique du sud est le plus puissant des pays africains et a les capacités -et l’argent- pour diriger la diplomatie du continent. Dlamini-Zuma présidente de la Commission était une parfaite position pour cela. Mais l’agenda n’était pas le bon ».
Source : http://dailymaverick.co.za/article/2012-01-27-analysis-south-africa-is-too-american-to-lead-africa