Mai 272013
 
Fikile Mbalula, minister of sports and recreation

Fikile Mbalula, minister of sports and recreation

Fikile Mbalula est né en avril 1971 dans le Free State. Très jeune il rejoint les rangs de l’ANC où il se fait remarquer par son courage et sa verve. Des qualités qui lui valent aujourd’hui encore une grande popularité au sein du mouvement.

Il a été, jusqu’à ses 36 ans, limite d’âge pour les membres des ANC Youth League, un des dirigeants les plus audacieux. Politiquement, en étant toujours prêt à la polémique avec les ainés, et physiquement, souvent aux avant postes des affrontements avec la police pendant les années quatre vingt.

Il apporte à Thabo Mbeki le soutien de son organisation lors de la bataille de ce dernier pour la présidence de l’ANC au congrès de Mafikeng, en décembre 1997. Thabo Mbeki est alors vice président de Nelson Mandela et vient de faire une sorte de coup d’Etat institutionnel en remplaçant le texte gouvernemental Redistribution and Development Program (RDP) par son programme Growth Employment and Redistribution. Une stratégie macroéconomique que Thabo Mbeki a fait passer en force dans le gouvernement, en 1996, provoquant le départ des ministres du Parti national et limogeant ceux de l’ANC en désaccord avec son programme. Ce fut notamment le cas de Derek Hanekom, alors minister of Agriculture and Land affairs, revenu en 2009 dans le gouvernement Zuma au poste de ministre des Sciences et Technologie et de Jay Naidoo, alors ministre responsable du RDP. Ce dernier, très populaire, restera dans le gouvernement jusqu’à l’élection de Thabo Mbeki à la présidence du pays, en 1999 en tant que Ministre des Postes et Télécommunications et de la Radio-Télévision.

La bataille avec les opposants au GEAR va se mener au congrès de Mafikeng et Fikile Mbalula en est un ardent défenseur. Ce qui ne l’empêchera pas, en septembre 2008, d’être parmi ceux qui ont déposé Thabo Mbeki après avoir perdu la présidence de l’ANC face à Jacob Zuma. Fikile apparait alors comme un des plus zélés défenseurs de ce dernier, il organise notamment sa très bruyante défense lors de ses déboires judiciaires. Il est à la tête des manifestants  de l’ANCYL devant le bâtiment de la cour suprême à Johannesburg, où comparaît Jacob Zuma accusé de viol.

Alors qu’il vient juste de quitter son poste de président des Youth League, il est élu au congrès de Polokwane, en 2007, au National Executive Committee (NEC) de l’ANC à la 15ème place sur 81. Ce qui donne la mesure de sa popularité. Il fait preuve d’une efficace activité pendant la campagne électorale de 2009, qui porte Jacob Zuma au pouvoir.

Comme Gwede Mantashe, Fikile Mbalula est une « forte gueule », ce qui lui vaut parfois d’être critiqué, voire lâché par ses soutiens politiques. Trois affaires sont régulièrement relevées dans la presse, l’une en juin 2007, où il tient des propos d’exclusion sinon racistes, opposant les Indiens aux Noirs..

Six mois plus tard en Décembre, lors du congrès de Polokwane, il accuse le ministre des finances, Trevor Manuel, d’être arrogant et se vouloir capter l’attention « telle une Reine ». Il s’attaque également Barney Pityana, recteur de University of South Africa (UNISA), en avril 2008, en le qualifiant de « clown par ses excès de zèle et ses postures comiques ». Ce dernier avait osé critiquer Zuma.

Pourtant, cette bruyante fidélité au président n’empêchera pas Fikile Mbalula de s’en éloigner … sans le fracas habituel de ses retournements. Depuis octobre, Fikile semble s’inquiéter de son avenir. On le voit hésiter entre l’engagement aux cotés des partisans de Zuma et de leurs opposants à l’intérieur de l’ANC. Son but : garder son poste dans le NEC, quelque soit le président élu. On l’a même vu faire son propre lobbying pour le poste de secrétaire général, face à Gwede Mantashe. Une haine publique entre les deux hommes qui a fait beaucoup parler dans les couloirs de Luthuli, headquaters de l’ANC à Johannesburg.

La presse également s’interroge sur ses engagements et leur motivation. Il est toujours populaire, on l’appelle Mr Razzmatazz mais ses aller et retours entre les clans Zuma et Phoza nuisent à sa popularité. C’est ce qui explique qu’il apparaît très peu parmi les nominés du NEC et encore moins pour le top six. Certains journaux, comme ceux du groupe Independent et dans une moindre mesure City Press, mènent une véritable campagne contre lui.

Quel que soient ses choix politiques, il a de son coté ANCYL, il a toujours gardé avec  le mouvement de jeunes des relations très fortes, très affectives. C’est ainsi qu’il a soutenu, autant qu’il était possible de le faire, Julius Malema qui lui a pavé la route vers la présidence du mouvement en 2009. Le maintien de ses relations avec lui ont été un élément important dans la prise de position des anti-Zuma pour atténuer les sanctions contre Malema. On l’a d’ailleurs accusé, particulièrement dans les colonnes des journaux du groupe Independent, d’avoir fait financer le voyage de Malema à Londres pour les jeux olympiques, par son ministère des Sports et Recréation. Ce dont il s’est défendu avec véhémence.

Fikile Mbalula est un représentant typique de la génération des quarantenaires, qui avaient vingt ans au plus fort des violences contre le Parti National. Comme Gwede Mantashe, comme Julius Malema, il a connu le cycle infernal des manifestations-répressions et funérailles des années quatre vingt. Il est  théoriquement d’accord avec la politique de réconciliation de Nelson Mandela, mais plus par esprit de discipline de parti que de conviction. Cette génération a bravé avec courage les dangers des affrontements avec la police, ils ont plus accepté que leurs aînés, le retour des exilés et l’espace politique qu’il a fallu libérer pour eux. Ils vivent à quarante ans avec l’esprit de solidarité de couleur qui les a tellement soutenus pendant la lutte. Fikile est ainsi resté très proche de Winnie Mandela et le récent rapprochement de cette dernière du groupe des Anyone but Zuma (ABZ)  a probablement influencé le sien.