Août 182012
 

Avant même le jeudi noir au cours duquel plus de trente mineurs sont tombés sous les balles de la police, la presse sud africaine a cherché à tirer les enseignements de cette flambée de violence. Aucun des grands media n’a exprimé de surprise face à cette explosion.

Le site de la revue officieuse de la Chambre des mines, miningweekly.com, titrait le 13 aout après la mort de deux gardes de sécurité :

« Le bilan des victimes s’alourdit alors que le clash entre les syndicats s’intensifie ».

« Suite à la mort de deux gardes de sécurité dimanche matin, un employé était tué dans la soirée du même jour dans une embuscade alors qu’il allait faire un rapport sur la situation. Il a été retrouvé le crane  lacéré et la mâchoire fracturée. Un quatrième employé a été trouvé mort par cinq balles.

« Cette tuerie a eu lieu alors que la rivalité entre le National Union of Mineworkers (NUM) et l’Association of Mineworkers and Construction Union (ACMU)devient de plus en plus intense. 

« ‘La situation est toujours très tendue et volatile mais la compagnie met tout en œuvre pour qu’elle reste sous contrôle’ d’après le porte parole de la compagnie Lonmin », cité par Mining Weekly Online.

Source : http://www.miningweekly.com/article/lonmin-death-toll-climbs-as-union-clash-intensifies-2012-08-13

Le 15 août , une dépêche SAPA, l’agence nationale de presse : « Des grévistes rejettent le leader du NUM ».

Senzeni Zokwana était accompagné d’une voiture de police blindée de laquelle il  s’adressait aux travailleurs grévistes du haut d’une colline, mercredi matin. Ils chantaient des chants et des slogans alors que Zokwana essayait de les calmer. (…)

‘Nous voulons la paix, écoutons nous les uns les autres, je veux comme vous reprendre le travail’.

Les travailleurs lui ont demandé de quitter la voiture de police et de leur parler directement. »

Le 16 août, jour du massacre, miningweekly.com tire les premiers enseignements de la grève.

Frans Baleni
Picture by: Duane Daws

« Lonmin n’a rien appris des les leçons de la saga Impala (une grève très dure qui s’était déroulé dans les mines de platines d’Impala au début de 2012)

« Le secrétaire général de NUM, Frans Baleni a accusé les compagnies minières de platine de saper les processus de négociation et favoriser ainsi un climat de violence qui vient d’exploser à la mine Marikana de Lonmin. (…)

« Le NUM  a déclaré, qu’en ignorant l’accord collectif sur les salaires, Impala avait  déclenché un mouvement beaucoup plus ample. « Lonmin n’a pas tiré les leçons de la saga Impala’ affirmait Baleni », cité par miningweekly.com.

« Baleni a aussi accusé les compagnies minières de ne pas respecter les transformations et les but de la Charte minière et les plan sociaux du travail. ’La pauvre réponse de l’industrie minière face à ces défis ne peut qu’encourager les comportements opportunistes et criminels’ a-t-il ajouté. (…)

« Il a également pointé du doigt la chambre des mines, leur reprochant de ne pas prendre la pleine responsabilité des transformations du secteur et leur inaction. (…)

« Trois des sept ouvriers tués à Lonmin étaient membres du NUM, ajoute mininweekly.com, deux policiers et deux gardes de sécurité ont également trouvé la mort. »

Source : http://www.miningweekly.com/article/lonmin-failed-to-learn-lessons-from-impala-saga-baleni-2012-08-16

Le 16 août Times Live, site du groupe Times Media Ltd :  « La guerre des mines : l’Afrique du sud ensanglantée. »

Dans un article descriptif des événements Times Live donne des renseignements précis sur la nouvelle organisation syndicale dissidente du NUM, AMCU.

« L’hostilité dans le secteur minier et l’explosion de violences est le résultat de l’animosité qui règne entre le NUM et AMCU. L’enjeu réside dans les 100 millions de rands de cotisation que AMCU a déclaré recevoir de ses membres. AMCU, précise Times Live, a été enregistré en 2001 et à lentement recruté dans les mines de platine.

« Le Directeur exécutif de Lonmin annonçait, au début de l’année que sa compagnie avait donné son accord pour attribuer à AMCU des droits de reconnaissance syndicaux limités, en raison de l’augmentation du nombre de ses membres.

« Comme dans la grève violente qui s’est déroulé à Rustenburg dans les mines de Impala, cette semaine de revendication à Marikana est du à la rivalité entre les deux syndicats, l’un a 30 ans d’existence et il est le joyau de la couronne Cosatu, le deuxième est décrit comme un débutant.

Source : http://www.timeslive.co.za/thetimes/2012/08/16/mine-war-sa-bleeds

Le 17 Aout, les media reflètent le choc de la journée de la veille. C’est ce que fait le Mail & Guardian dans un long article descriptif des affrontements qu’il met en perspective des grands rendez-vous politiques.

« Violence à Lonmin : D_Day pour les syndicats ».


(…)

Dans le rapport politique qui doit être discuté au con grès de Cosatu, le 17 septembre prochain, le secrétaire général Zwenlizima Vavi a mis en évidence l’orientation et les différents scenari auxquels les syndicats devront faire face. Il a, en particulier, mis en garde la distance sociale entre les travailleurs et leurs leaders. ‘Différents styles de vie et réalités matérielles sont responsables du fait que les dirigeants ne sont plus en phase avec leur base’, a-t-il écrit dans ce rapport.

« ‘Les crises que traversnte les communautés ouvrières, comme dans les endroits où les hôpitaux ne fonctionnent pas, où ne sont pas distribués à temps  les livres de classe, où les coupures d’électricités sont fréquentes, où les compteurs pré-payés ne donnent plus d’eau faute d’argent à mettre dedans etc. nous ne prenons pas en charge ce genre de problème avec la même vigueur que les augmentations de salaires. Nous devons donc nous attendre à des grèves, à des campagnes de défiance qui surgiront autour de ces crises.

« Vavi a aussi mis en garde sur la bataille politique qui sévit avant le congrès électif de l’ANC, en décembre prochain à Mangaung, de ses effets néfastes sur le syndicat notamment les dirigeants paralysés par la peur que leur action soit interprétée en soutien d’une ou de l’autre des factions.

« Cosatu tient son congrès dans trois semaines et devra adopter la réorientation la plus cruciale de son histoire.

Source : http://mg.co.za/article/2012-08-17-00-d-day-for-the-unions

Dès le lendemain des événements tragiques, Le Business Day, quotidien économique, en tire

« Les morts de la fusillade de Marikana pourraient décourager les investisseurs »

Des milliers de mineurs en grève armés, en colère et déterminé face a la police qui a ouvert le feu en utilisant des balles réelles.
Image: THE TIMES

Selon un analyste cité par Business Day, « la violence pourrait se répandre dans d’autres site miniers et avoir des conséquences sur l’emploi alors que le quart de la force de travail du pays est inemployé.

« Pour Andrew Joannou, chef des investissement à Afena Capital, quand des événements de ce type attirent l’attention internationale, les investisseurs deviennent de plus en plus nerveux, pas seulement à Lonmin et dans l’industrie du platine, mais partout, nous sommes inquiets que les mines d’or soient également touchées par la violence, a-t-il ajouté ».

Toujours dans le Business Day son éditorial donne le ton de la communauté économique et le monde des affaires.

« Un échec de notre société à plusieurs niveau »

« Si le président de de Lonmin, Roger Phillimore, n’est pas dans un avion pour l’Afrique du sud ce vendredi soir, il devra avoir honte de lui même.

« Avec la vague de violence, la pire qu’ait connu l’Afrique du sud devenue démocratique en 1994, les mineurs de la mine de Marikana, près de rustenburg, ont fait voler en éclat les actions de la compagnie et nettement fait monter le prix du platine. C’est une des conséquences que la mort des presque 50 grévistes a provoqué -34 selon le chiffre confirmé le plus récent, sous l’enfer des balles tirées par la police à la mine jeudi après midi.

« Lonmin n’est peut être pas responsable des violences qui ont accompagné la grève, mais cela a démontré le total et profond échec des devoirs de la compagnies. Devoir vis à vis de ses actionnaires, devoirs vis à vis de ses clients, de son staff, de son industrie en Afrique du sud et, enfin, de tous les Sud Africains.

« Mais il n’a été vu nulle part. Son directeur éxécutif, Ian Farmer, est malade à l’hôpital, son porte parole n’est pas disponible. Le président vit en angleterre, il est en vacances comme le reste de l’Europe.

« En tant que compagnie impliqué dans le drame, Lonmin doit être une part de la solution de l’insoluble problème de la mine. Un nouveau syndicat, AMCU, a lentement rattrapé le vénéralbe National Union of Mineworkers (NUM) dans l’indistrie du platine, mine après mine. C’est un fait, mais qui, seul, n’explique pas la sonnet d’alarme qui vient de retentir dans le corps politique sud africain.

« Num est considéré comme un des plus sérieux éléments du mouvement syndical. Cyril Ramaphosa et Kgalema Motlanthe, pour le moment, en sont issus. Dans le mouvment syndical, sa voix est puissantante et raisonnable dans des mouvmeents souvent forts et durs.

« Il apprécie les valeurs du capital privé et des grands compagnies. Le monde affaires ne peut qu’espérer qu’il se défende efficacement contre les attaques d’AMCU.

« Pour le moment, seule la police et les deux syndicats rivaux ont du tenter de ramener la paix et ce n’est pas suffisant.

D’abord, la grève a été déclenchée sur la question des salaires, que ni la police ni les syndicats ne peuvent résoudre. Deuxièmement, le business, par égard pour lui, a besoin de se montrer à la hauteur dans un moment de crise tel que celui ci.

« La grève et la tragédie de jeudi resteront très longtemps dans nos têtes. Cela représente notre échec à plusieurs et de façon saisissante, l’incapacité de la majorité noire de l’establishment (dont NUM, COSATU et ANC sont les leaders) d’arriver à un accord avec la majorité noire, marginalisée, pauvre et désespérée.

« AMCU était issu de la société profondément rurale du Podoland dans l’ex bantoustan du Transkei. Malade et fatigué de regarder les dirigeants du NUM dans leurs belles voitures et bureaux à la mine, ils ont voulu tenter leur chance.

« Pondoland est généralement un lieu tranquille, mais ses habitants sont très traditionnels et très violents quand on les mets en colère. Rien ne va arrêter AMCU.

« Cela veut dire que la solution à la violence doit venir d’un haut niveau et il faut reconnaître la difficile vérité que Cosatu et ANC ont peu d’expérience dans la construction du pouvoir et pas de respect pour celui ci.

« Pour le président Zuma, AMCU est un nouveau et grand défi.

« Il a été un médiateur efficace dans le conflit du Kwazulu-Natal, mais il s’adressait à SON peuple. Il est Zulu. Avec AMCU, il se confronte avec un groupe intrépide de personnes déplacées et en colère  à qui on a tout pris  et dont on attend rien.

« Guidés par de vielles croyances dans la sorcellerie, ils croient dans les pouvoirs des «’sangomas’ pour les rendre invincibles. Essayez de raisonner avec cela.

C’est un test pour Mr Zuma –nous avons tous intérêt qu’il réussisse.

Source : http://www.bdlive.co.za/opinion/editorials/2012/08/17/editorial-a-failure-of-our-society-on-many-levels