L’analyse des résultats des élections locales sud africaines de mai dernier avait révélé une crise politique d’ampleur au sein de l’ANC. La direction du mouvement était apparue divisée, beaucoup plus sur le soutien à la réélection de Jacob Zuma à la présidence de l’ANC, dont le congrès doit se tenir à la fin de cette année, que sur les orientations prises dans la conduite des affaires du pays.
Ce débat avait été rendu extrêmement visible – c’est un euphémisme- dans la polémique qui continue d’opposer Julius Malema et sa Ligue des jeunes de l’ANC à la direction actuelle. Un débat mené dans la confusion notamment sur la nationalisation du secteur minier, qui avait pour but d’éroder la confiance des grandes entreprises du secteur vis à vis du président Zuma. Et, surtout, de le mettre au pied du mur dans ses relations avec le syndicat Cosatu, membre de la coalition gouvernementale, à la veille de l’ouverture de négociations salariales menées sous la pression de grèves.
A cela s’ajoute une agitation presque permanente dans les townships les plus pauvres à travers tout le pays, où les résidents protestent contre l’inefficacité et le coût du service public, de l’eau notamment, le chômage et le mal vivre d’une jeunesse dont les parents ont tellement attendu de la fin de l’apartheid.
Ces tensions sociales semblent être entendues par le gouvernement de Jacob Zuma. Le lancement très attendu de réformes dans le système de santé apparaît comme une réponse à la situation sociale. Le projet du ministre, Aaron Motsoaledi, basé sur la solidarité a reçu un accueil sceptique des milieux économiques et patronaux. Un des éditorialistes du quotidien Business Day, Tamar Kahn, défend l’idée qu’aucune réforme n’est possible dans le contexte de délabrement des hôpitaux publics du pays. En revanche, les syndicats dans leur ensemble ont salué l’avancée de la réforme. L’Afrique du sud vient de très loin en la matière, c’est un des rares pays où le taux de mortalité infantile est en augmentation et où celui de la mortalité maternelle reste très élevé, comme le souligne Tamar Kahn.
Au niveau de la SADC le débat sur la monnaie unique a repris alors que le Malawi connaît des violences récurrentes et où, selon la Confédération internationale des syndicats, 19 syndicalistes ont été tués au cours d’une de manifestations. Certains n’ont pas hésité à voir dans ces troubles les prémices d’un « printemps africain ». Un printemps sans douceur qui s’annonce au Zimbabwe où se préparent, à nouveau dans la violence, des élections. L’enjeu ne change pas : donner à Robert Mugabe un pouvoir sans partage, au mépris des compromis décidés mais peu réalisés après le scrutin de mars 2008 aux résultats controversés.
En Afrique du sud, les virulentes condamnations lancées par Julius Malema à l’encontre du président botswanais Ian Khama, traité de « marionnette des Etats Unis » ont donné l’occasion à Jacob Zuma de manifester une solidarité appuyée à son collègue.