Le roi Mswati III de Swaziland est polygame et fier de l’être. Il aurait 14 femmes officiellement et 23 enfants. Tout ce qui est officieux n’est pas comptabilisé. Le Président sud-africain, Jacob Zuma, est le papa de 21 enfants issus de dix différentes mères. Toutes ces femmes ne sont pas ses femmes bien qu’il ait choisi le régime de la polygamie, ce qui est très bien accepté en Afrique du sud. Ceux qui d’ailleurs contestent la polygamie au plan culturel devraient aussi réfléchir sur le niveau d’hypocrisie dans les rapports de couple et parfois d’irresponsabilité vis-à-vis des enfants dans le cadre de la «monogamie ».
Que dire des mariages à répétition tels des contrats à durée déterminée quand il ne s’agit pas tout simplement d’escapades hors mariage considérées comme un sport national, souvent à coup de viagra et qui conduisent certains aux urgences des hôpitaux pour se faire administrer une piqûre de décontraction des muscles. Alors que personne ne fasse de jugement de valeur sur telle ou telle société. Les avantages et inconvénients sont partagés dans n’importe lequel des systèmes. Assurément, l’homme, le macho bien sûr, tolère très mal la polyandrie, le fait pour la femme d’avoir plusieurs maris. Pourtant c’est aussi une forme de liberté dans des sociétés bien plus avancées que les plus avancées des sociétés occidentales.
Cette pratique (la polyandrie) se perpétue chez les Massaï du Kenya, chez les Bororos du Brésil, mais aussi au Tibet dans le Haut Himalaya avec des variantes entre frères et sœurs au Népal, au Bhoutan, en Chine et en Inde. Alors que personne ne donne de leçon de moralisation de supériorité d’une civilisation sur une autre. En France, bien que la loi interdise la polygamie depuis 1945 par l’article 147 du Code Civil, les pratiques sur le territoire sont encore légions et parfois dans l’indifférence générale.
Plus de 20 000 femmes seraient dans cette situation en France. Dans de nombreux cas, il s’agit de cohabitation imposée. L’absence d’indépendance financière des femmes, la loi du silence des familles peuvent encore conduire à des drames. Pourtant, la polygamie est totalement interdite en France et en cas de condamnation pour polygamie, la peine peut aller jusqu’à l’emprisonnement pour un an avec 45 000 Euros d’amende.
Quand on quitte le terrain de liberté d’organisation de la cellule familiale, pour celle de la liberté d’expression en Afrique du sud, les choses peuvent se gâter. Au demeurant, Brett Murray, sud-africain blanc qui a obtenu son diplôme de Maîtrise des beaux-arts en 1989 avec distinction de l’Université de Cape Town en Afrique du sud, vient de « gâter » la sauce du Président Jacob Zuma. Rappelons tout de même que cet artiste brillant a fait sa thèse sur le thème des « sculptures satiriques et les paradoxes sociaux et politiques dans le contexte sud-africain ». Alors, quand c’est ce même artiste qui fait le portrait de Jacob Zuma, il faut s’attendre à un chef d’œuvre qui s’appelle « La Lance ».
Brett Murray, l’artiste qui pousse la satire à son paroxysme, s’est fait un nom en s’opposant au régime de l’Apartheid. Cette fois-ci, il voulait en fait dénoncer la corruption car le thème de l’exposition est « Salut le voleur » et la critique porte sur la corruption du parti au pouvoir. Sur ce point, il est hors sujet car la mise en valeur des attributs intimes du Président Zuma redimensionnés tend à rappeler des démêlés Jacob Zuma avec la justice sud-africaine, alors qu’il a été acquitté et disculpé (il ne faut surtout pas dire blanchi).
Ce qu’il y a de sûr, ce portrait de Jacob Zuma n’est pas raciste mais il ne contribue certainement pas à l’Ubuntu, cette philosophie africaine du vivre ensemble sans humilier l’autre. YEA.
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Source : Afrique du sud : Le portrait de Zuma qui censure l’Ubuntu « amaizo.info