Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, Blade Nzimande, reconnaît que le système éducatif est inadéquat mais il estime que le monde de l’entreprise n’agit pas suffisamment pour ‘rééquiper’ les diplômés sud-africains sans emploi.
Karl Gernetzky dans le Business Day du 13/01/2012
Le monde de l’entreprise doit arrêter ses “jérémiades” sur le système éducatif qui ne fournirait pas des diplômés employables, pour se concentrer sur les solutions à apporter au problème, a déclaré hier le ministre Blade Nzimande.
On estime à deux millions le nombre de diplômés sans emploi en Afrique du Sud et les universités sont soumises à une énorme pression pour inscrire les 80 000 jeunes qui ont obtenu en 2011 le baccalauréat avec des résultats leur permettant d’entamer des études supérieures.
Lors de la présentation de l’avant-projet de loi sur l’Éducation et la Formation post-scolaires, M. Nzimande a reconnu que le système éducatif était déficient en quantité, en diversité et, dans certains cas, en qualité mais que le monde de l’entreprise ne faisait pas assez pour ‘rééquiper’ les diplômés sans emploi.
L’avant-projet de loi présenté hier cherche à aligner le système d’éducation et de formation post-scolaires sur les programmes de développement du gouvernement, y compris son plan Nouvelle Croissance (New Growth Path) prévoyant la création de 5 millions d’emplois d’ici 2020.
Ciblant en même temps le problème paralysant du chômage des jeunes et celui du manque de possibilités éducatives de qualité, l’avant-projet propose de multiplier par deux le nombre d’étudiants inscrits à l’université et dans les Centres d’enseignement supérieur et de formation professionnelle (les FET, Further Education and Training), pour atteindre 4 millions en 2030.
Les FET ont un rôle clé à jouer en fournissant à l’économie des savoir-faire intermédiaires et il est donc essentiel que l’enseignement technologique dans ces centres ne soit pas ‘une impasse ‘, a déclaré M. Nzimande.
Les étudiants des FET doivent pouvoir compter sur le soutien des entreprises ; or, à l’heure actuelle, les deux tiers n’obtiennent pas leur diplôme, faute d’avoir effectué les stages obligatoires. Le ministre a indiqué que l’assurance de pouvoir accomplir douze mois de stage augmenterait l’attractivité des FET de façon significative et réduirait la pression sur les universités.
Le directeur de la Chambre sud-africaine de Commerce et d’Industrie, Neren Rau, a indiqué hier que, même si le monde de l’entreprise s’était engagé à recruter et à former davantage, il existait un ‘gouffre’ entre la qualité des diplômés sortant du système éducatif et ce qu’on pouvait raisonnablement attendre du rôle de l’entreprise dans la formation.
Selon lui, le système éducatif doit rejoindre les préoccupations du monde de l’entreprise à un niveau ‘beaucoup plus acceptable’ qu’à l’heure actuelle.
M. Rau a dit qu’il était ‘complètement faux’ de dire que le monde de l’entreprise ne voulait pas investir dans l’éducation s’il n’en tirait pas un bénéfice immédiat. L’éducation est un ‘bien public’, a-t-il reconnu.
Mais, de même que les contribuables sont prêts à payer plus s’ils voient les résultats sous forme de meilleurs services publics, le monde de l’entreprise a besoin de voir qu’il investit dans un système qui fonctionne, a-t-il déclaré.
Selon la porte-parole de l’Alliance Démocratique (opposition) pour les questions éducatives, Junita Kloppers-Lourens, l’intervention de M. Nzimande est une tentative de plus pour faire ‘porter par d’autres’ la responsabilité de l’échec d’un système d’enseignement supérieur ‘en crise’.
Pour elle, vu ce qu’était l’enseignement dispensé dans les FET, l’appel de Nzimande aux bacheliers pour qu’ils envisagent de poursuivre leurs études dans un FET était ‘limite cruel’.
Source : http://www.businessday.co.za/articles/Content.aspx?id=162508