Sep 182011
 
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« Le mot est un détroit, une bande de terre entre deux océans sombres… Le mot est aussi un enfermement mais c’est le seul espace que je connaisse, le seul interstice de liberté. » Breyten Breytenbach

Cette brochure a été réalisée par un petit groupe de personnes passionnées de lectures et d’échanges : la « commission littérature » du Festival de Cinéma. Tout au long de l’année, ce groupe a découvert de nombreux auteurs attachants, émouvants, parfois complexes : entre violence et humour, récits douloureux, poésies de résistances… Parmi d’autres : les textes poétiques, inclassables et impertinents de Breyten Breytenbach ; les romans puissants et dérangeants de J. M. Coetzee, le roman décapant Triomf de Marlène Van Niekerk, l’écriture très libre des auteurs de la génération Kwaïto.

Cette brochure contient une présentation générale et historique, une liste d’ouvrages choisis, des coups de cœurs et quelques adresses utiles pour aller plus loin si affinités.

Comme chaque année, un copieux volet littérature accompagne la programmation de films et les débats du Festival de cinéma : une librairie de 600 titres (dont environ 300 concernant l’Afrique du Sud), des lectures quotidiennes pour vous donner à goûter des styles et des langues, et une journée littérature où sont invités cette année le romancier Niq Mhlongo, le slameur et poète Lesego Rampolokeng, entourés par Jean-Pierre Richard (traducteur littéraire) et Anne Dissez (journaliste).

FESTIVAL DE CINEMA DE DOUARNENEZ | BP 206 – 29172 Douarnenez | fdz@wanadoo.fr | Tél. 02 98 92 09 21 |  www.festival-douarnenez.com 

Nous tenons à remercier Denis Hirson et Jean-Pierre Richard pour leurs généreux conseils.

de vive voix

“colonial tactics fake the facts”  | [les tactiques coloniales truquent les faits] | Lesego Rampolokeng | (Crab Attack / Intro to the Master, 2003)

Comme on comprend la ferveur de nos ami(e)s de la Commission Littérature du 34e Festival de Cinéma de Douarnenez pendant leur année de lectures sud-africaines – exploration d’un immense archipel, cartographie qui nous est aujourd’hui des plus utiles ! Comment ne pas avoir envie, en effet, de se plonger dans la littérature sud-africaine, quand on pense à l’incroyable histoire d’un pays qui, après quasiment un demi-siècle de voyage au bout de la nuit du racisme institutionnel, devient porteur, le 27 avril 1994, de l’un des beaux espoirs de l’humanité, avec la première élection au suffrage universel et la victoire autour de Nelson Mandela ? Et aujourd’hui, dix-sept ans plus tard, comment ne pas avoir envie encore de savoir où en est une littérature ayant traversé pareilles tourmentes de l’Histoire et quelle(s) couleur a prise(s) l’écriture d’une nation se voulant désormais « arc-en-ciel » ?

Quelle chance nous avons de pouvoir directement le demander, en cet été 2011, à trois artistes venus exprès à Douarnenez ! Lesego Rampolokeng, un poète de l’oralité, militant du mouvement de la Conscience noire, qui a lui-même connu et combattu l’apartheid ; Niq Mhlongo, romancier de 38 ans, dont les préoccupations sont celles d’une nouvelle génération ; Michael Raeburn, qui a porté à l’écran l’extraordinaire roman de Marlene van Niekerk, Triomf, écrit en langue afrikaans, dont le titre résonne si fort à toute oreille sud-africaine, puisque c’est le nom donné par la dictature raciste au faubourg réservé aux « Blancs » et construit à l’emplacement même de Sophiatown ; le régime d’apartheid ne supportant plus l’existence de ce quartier fondé en 1905 et devenu l’un des deux grands foyers de création culturelle non raciale (l’autre était le ‘District Six’ au Cap, si présent dans les œuvres d’Alex La Guma et Richard Rive notamment), Sophiatown fut rasé en 1962 et ses deux cent mille habitants se virent expulsés vers ce qui allait devenir Soweto (quant au Sixième district, déclaré « zone blanche » en 1965, il fut rasé à son tour en 1970).

Bien entendu, comme toute production artistique, la création littéraire sud-africaine ne se contente pas de « refléter » la situation du pays, elle en fait partie intégrante. Poésie, roman, nouvelles, théâtre, quel que soit le genre pratiqué, la fiction participe de la « réalité » : écrire, c’est agir.

Les inventions des écrivains ont pesé sur le processus de transformation de la société sud-africaine : pensons, par exemple, au retentissement (jusque chez un Niq Mhlongo ?) qu’a pu avoir l’appel lancé en 1991 par Njabulo Ndebele à « redécouvrir l’ordinaire » ; à une époque où le slogan et les platitudes lui semblaient en passe d’étouffer la création, il lui parut urgent de mobiliser la riche expérience liée de la vie quotidienne : « Tous les aspects de l’existence, pourvu qu’on les cultive de manière créatrice, sont autant d’armes que la vie opposera d’elle-même à la plus cruelle des tyrannies », écrit-il dans Fools, un recueil de nouvelles, paru en 1983, qui illustrait déjà brillamment les thèses subtiles de son auteur sur l’engagement en littérature et dont le réalisateur sud-africain Suleiman Ramadan a tiré un film pionnier et mémorable (Fools, 1996).

Sachant qu’il n’y a que 20% de Sud-Africains d’origine européenne, on s’étonnera peut-être du poids écrasant de sept d’entre eux dans la bibliographie proposée ici, puisqu’à eux seuls, Nadine Gordimer, André Brink, Breyten Breytenbach, J. M. Coetzee, Ivan Vladislavic, Laurens van der Post, Athol Fugard et Mike Nicol constituent environ les deux tiers des titres sud-africains en traduction française (un tiers seulement outre-Rhin, à titre de comparaison…) ; les quatre premiers cités, c’est même un tiers des traductions françaises en provenance d’Afrique du Sud (et un tiers de celles provenant de l’Afrique prise dans sa totalité, contre seulement un cinquième en Allemagne…).

Un tel déséquilibre en dit long sur l’idéologie qui règne au sein de ces grandes maisons de l’édition française dont le comportement dans le domaine sud-africain donne à penser qu’il a été souvent dicté par des préjugés hérités de l’époque coloniale et par une hostilité à l’engagement en littérature dès lors qu’il ne sert pas les intérêts de la bourgeoisie française.

Après tout, dans les pires années du ‘national-christianisme’ sud-africain, la France des présidents de Gaulle, Pompidou et Giscard, celle de Total et de L’Oréal – deux compagnies très présentes là-bas à l’époque — n’était-elle pas « la meilleure amie » du régime d’apartheid, comme le dénonçait Winnie Mandela ?

Au fil des ans, surtout dans les années de lutte contre l’apartheid, de « grands » éditeurs français ont refusé de publier des ouvrages de Mandla Langa, Alex La Guma, Sipho Sepamla, Njabulo Ndebele, Farida Karodia, Achmat Dangor, pour ne citer qu’eux. Renvoyés au « ghetto » des petites maisons spécialisées (Complexe, L’Harmattan, Karthala, Messidor…), c’est surtout au précieux vecteur des revues et périodiques (Les Temps modernes, Nouvelles du Sud, Présence africaine, Le Monde diplomatique, Apartheid, Non !, Europe, Le Serpent à Plumes,  Siècle 21, Lettre internationale, Notre Librairie, Revue noire, Missives…) que ces écrivains doivent d’exister en français. C’est encore là qu’on trouve les écritures sud-africaines les mieux ancrées dans le pays et les plus représentatives, même si elles sont restées largement absentes des grands circuits de l’édition internationale passant par Londres ou par New York.

Pour nous aider à échapper aux miroirs déformants de l’hexagone, rien de mieux que l’œil et la voix, en direct parmi nous, de créateurs sud-africains !

Jean-Pierre Richard, Anne Dissez

Juin 2011

Un aperçu de la littérature sud-africaine

Avertissement :

Cette présentation a été rédigée à partir du livre : Afrique du Sud, une traversée littéraire de Denise Coussy, Denis Hirson et Joan Metelerkamp, coéditions Institut français, Philippe Rey et Ina, 2011.

La première partie est un résumé du chapitre Un aperçu de la littérature sud-africaine jusqu’en 1994 de Denis Hirson ; la seconde du chapitre Le roman après l’apartheid : un espace de nouvelle liberté de Denise Coussy ; la troisième du chapitre Un regard sur la poésie contemporaine d’Afrique du sud en langue anglaise de Joan Metelerkamp.

Jusqu’en 1994

Sous l’apartheid, de nombreux écrivains se sentent poussés à s’afficher politiquement, tant il s’agit d’un système intolérable et déshumanisant qui menace d’être banalisé à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Afrique du Sud. L’écrivain inscrit la résistance au cœur de son rôle, en partie pour combler le vide laissé par les chefs politiques incarcérés, exilés ou tués. Le champ politique fait partie intégrante de l’imaginaire des artistes : c’est un repère dans une société complexe (diversités de cultures, de traditions, de positions idéologiques, de langues), une façon de s’enraciner, ou encore un cri de ralliement.

Début de l’écriture noire, années 1870-80 : Première génération d’intellectuels noirs (petite minorité privilégiée, éduquée par des missionnaires). Ecrivains imprégnés de traditions chrétiennes (romans allégoriques), écrivent en anglais et en langues africaines, luttent « avec l’encre » contre les colonisateurs blancs, fondent des journaux.

La génération suivante : plus affirmée dans une identité africaine, croise sujets contemporains et thèmes historiques. A cette époque, plus de 80% de la population noire est analphabète, mais ces récits ont une bonne réception populaire, car l’écriture est fortement influencée par la tradition orale, la poésie, les contes : riches métaphores, rythmes hallucinatoires, sens aigu de la circonstance.

Thomas Mofolo, Chaka, 1925 ; Sol Plaatje, Mhudi, 1920 ; A. C. Jordan, La colère des ancêtres, 1940 ; S. E. K. Mqhayi, Chants et berceuses, 1927.

Début de l’écriture blanche, à partir de 1820 : Voyageurs, botanistes, anthropologues : livres décrivant le pays en le comparant à l’Europe : Burchell, Rider Haggard. L’homme noir est observé, c’est un « sauvage ». Thomas Pringle, écrivain romantique écossais, après un voyage en AdS, écrit ses impressions et milite contre l’esclavage (1834). L’Angleterre met fin à l’esclavage et les Afrikaners fuient dans le centre de l’AdS.

Ecrivains de langue afrikaans (langue d’origine néerlandaise avec apports malais, africains et portugais) Années 1920-30 : (l’afrikaans devient langue officielle avec l’anglais). Apparaît un genre littéraire blanc sud-africain véritablement autochtone : romans de la vie à la ferme (idéalisation d’une vie austère, refus de la modernité, éloge de la nature, les noirs y sont des figurants) : Olive Schreiner, La nuit africaine, 1883 ; Van den Heever ; Pauline Smith ; C.H. Kühn.

Autre thème : l’histoire de noirs migrant vers la ville blanche : Des auteurs, reçus froidement, interrogent la morale coloniale : William Plomer, Turbott Wolf, 1926 ; Roy Campbell, La tortue en flammes, 1924 ; Van der Post, Le monde perdu du Kalahari, 1958 ; Alan Paton, Pleure, ô pays bien aimé, 1950.

Qu’ils soient des noirs ou des blancs, la ville, l’exploitation ouvrière, les bidonvilles deviennent l’intérêt des écrivains : Dhlomo, Une tragédie africaine, 1928 ; Modikwe Dikobe, The Marabi dance.

L’écriture noire de cette période relève de l’autobiographie : Peter Abrahams, Je ne suis pas un homme libre, 1954 ; Es’kia Mphahlele, Au bas de la deuxième avenue, 1959 ; Bloke Modisane, Que l’histoire me condamne, 1963 : Ils témoignent de la lutte contre la pauvreté et la discrimination raciale en milieu urbain. Typiquement, on y retrouve une rencontre avec des citadins blancs bienveillants ou militants, puis vient l’engagement politique, le désenchantement et l’exil. Le problème racial est le thème essentiel et le point faible aussi (thème obligatoire).

Cette préoccupation ne fait que croître après l’élection en 1948 du Parti National.

La revue « Drum », années 50 : destinée à la population noire urbaine, intercale photos tape-à-l’œil de mannequins, pages de ragots et divertissements, avec des nouvelles et articles sérieux ; emprunte le langage direct des films de série B et l’argot des rues. Manque de profondeur, mais témoigne des évènements. Auteurs ayant rejoint Drum : Blocke Modisane, Arthur Maimane, Casey Motsitsi, Nat Nakasa, Lewis Nkosi, Can Themba.

La revue Drum coïncide avec une période d’intenses rencontres entre noirs et blancs (musique, théâtre, fêtes multiraciales). Nadine Gordimer témoin et participante de cette époque : Un monde d’étrangers, 1958.

A la fin des années 50 : la plupart des écrivains de Drum sont soit décédés, soit en exil : Lewis Nkosi (exilé en 1960, mort en 2010, Mandela et moi, 2006) ; Nat Nakasa (suicide à New-York) ; Henry Nxumalo (assassiné) ; Can Themba (Le costume, théâtre, meurt alcoolique en exil en 1968).

Un roman qui montre le poids de la répression de cette époque : Une nuit d’errance d’Alex la Guma, 1962

Les premières années de l’apartheid furent marquées par le racisme de quelques écrivains, notamment Sarah Gertrude Millin. Mais, la plupart des autres romanciers blancs portent un regard critique : Dan Jacobson, Une danse au soleil, 1956 ; Harry Bloom, Emeutes au Transvaal, 1955 ; Nadine Gordimer ; Herman Charles Bosman, La route de Mafeking, 1947.

A partir des années 60 : récits de prisons : Bosman, Trou de pierre froide, 1949 ; Albie Sachs, Journal de prison, 1966 ; Zwelonke, Robben island, 1973 ; Hugh Lewin, Bandit, 1974. Plus tard : Breyten Breytenbach, Mouroir, 1983 et Jeremy Cronin, Inside 1983.

En 1961, l’Afrique du sud quitte le Commonwealth et se déclare république. Période de grande répression. De nombreux romans relatent cette courte période révolutionnaire : Nadine Gordimer, Feu le monde bourgeois, 1966 ; Alex La Guma, Le pays de pierre, 1967 et Les résistants du Cap, 1972 ; Jack Cope, L’aube revient deux fois, 1969 ; Mary Benson, Au point mort, 1969.

Romans d’exil : romans qui puisent dans l’AdS, mais s’éloignent des préoccupations de lutte contre l’apartheid : Peter Abrahams, Une couronne pour Udomo, 1956 ; Es’kia Mphahlele, Les errants, 1971 ; Bessie Head, Question de pouvoir, 1974 et La femme qui collectionnait les trésors, 1977.

Dans les années 60 : obligation des écrivains à résister contre l’apartheid, mais censure importante. Apparaissent de nouvelles formes courtes, compactes : nouvelles, pièces de théâtre, poésie, écrites et jouées rapidement, usant de la métaphore, aux messages à l’efficacité télégraphique. Adam Small, Guitare ma croix, 1962 ; Achmat Dangor ; Mtshali, Battements de tambour en peau de vache, 1971. De nombreux écrivains d’origines afrikaner renient leur langue pour l’anglais, après la répression sanglante de Soweto en 1976. De même pour des poètes noirs : Oswald Mtshali, Wally Mongane Serote, Sipho Sepamla, Mafika Gwala.

La poésie blanche des années 60 et 70 est moins politisée : recherche de formes et d’une identité littéraire sud africaine : Guy Butler (fondateur de la revue « New Coin »), Sydney Clouts, Uys Krige, Ingrid Jonker.

Emerge un groupe de jeunes écrivains afrikaners, les « sestigers » : Chris Barnard, Breyten Breytenbach (Une saison au paradis, 1976, Confession véridique d’un terroriste albinos, 1980), André Brink (Au plus noir de la nuit, 1973, Une saison blanche et sèche, 1979, Un instant dans le vent, 1975), Etienne Leroux (Sept jours chez les Silberstein, 1962), et Abraham de Vries. Inspirés de l’Europe (expérimentation, existentialisme, postmodernisme) : brisent tabous et conventions, considérés comme traîtres de la cause afrikaner nationaliste.

Début des années 70 : tension politique plus forte, nombreuses grèves brutalement réprimées. Le mouvement de la conscience noire (Black Consciousness) gagne du terrain. (prône le sentiment d’une identité noire et le développement communautaire). Durant cette période, le théâtre devient une forme littéraire particulièrement puissante : théâtre multiracial, joué dans les townships. La culture devient une arène politique très vive, totalement ségréguée. Le théâtre comme moyen d’organisation, de mobilisation et de prise de conscience (jusqu’à exclure des comédiens blancs). Harry Bloom (King Kong, 1959, opéra au succès international, avec Miriam Makeba), Gibson Kente (How long, 1973, I believe, 1974 et Too late, 1975), Barney Simon (fondateur du « Barney Theâtre » à Joburg) et Athol Fugard (The island et Sizwe Bansi est mort, 1974), Maishe Maponya (La terre affamée, 1995), Matsemela Manaka (Egoli, city of gold, 1981), Zakes Mda (On chantera pour la patrie, 1980).

A partir de 1977, après le massacre de Soweto : revue « Staffrider » : vaste renouvellement de la poésie devenue une arme politique à travers le mouvement de la conscience noire. La liste des contributeurs est un peu le Who’s Who de la dissidence : Mothobe Mutloatse, Ahmed Essop, Achmat Dangor, Njabulo S. Ndebele, Kelwyn Sole, Richard Rive, Andries Oliphant, Mafika Gwala, Farouk Asvat, Mongane Wally Serote et Hugh Lewin. Des auteurs connus de longue date participent également à Staffrider : Nadine Gordimer, Lionel Abrahams ; mais aussi grande place à des voix inédites.

D’autres écrivains qui portent un regard acéré sur la société : Miriam Tlali (roman Entre deux mondes, 1975), Mtutuzeli Matshoba (nouvelles Ne m’appelez pas un homme, 1979), Kelwyn Sole (poésie Le sang de notre silence, 1988), Chris Van Wyk (poésie : Il est temps de rentrer, 1979), Wopko Jensma : (poésie A bâtons rompus, 1977).

Début des années 80, malgré une censure terrible, des écrivains confirmés prennent une place importante : Athol Fugard, André Brink, Nadine Gordimer et J. M. Coetzee.

Nadine Gordimer : se concentre sur l’intime des relations humaines, montre l’évolution de la société sud africaine avec l’espoir d’œuvrer au processus historique. Le roman le plus accompli et symboliquement le plus fort à cette époque est Le conservateur (1974).

Coetzee : il s’écarte de toute référence frontale à l’AdS : contextes historiquement indéfinis, simultanéité des différentes facettes de la réalité, distanciation, élargissement, référence à d’autres textes contemporains : Kafka, DeFoe… Les blancs sont défaits et démoralisés. Un autre écrivain sud africain a aussi évoqué ce sentiment de « défaite » : Karel Schoeman (Retour au pays bien-aimé, 1972, La saison des adieux, 1990, En étrange pays, 1984).

Comment rendre compte de la vie de tous les jours dans ce contexte de violence ? Approches complexes : plus seulement la dénonciation de la société, mais distance avec l’agitation à l’intérieur du pays : Ndebele, Fools, 1983 (nouvelles) ; Zoé Wicomb, Une clairière dans le bush, 1987 (nouvelles).

L’agitation était telle qu’en 1985 un état d’urgence est décrété ; un autre en 1986. Les poètes lisaient au cours de rassemblements populaires, eux-mêmes parfois ouvriers, comme Mi S’Dumo Hlatshwayo.

En 1989 : De Klerk cherche à changer le pays : vagues de peur, de doute, de fébrilités. Des exilés reviennent.

Fin 80-début 90 : nombreuses biographies qui soumettent le pays à un nouvel examen, ce qui est vieux est mourant et le nouveau n’est pas encore né, attentes, effondrements : Rian Malan, Mon cœur de traître, 1990 ; Sindiwe Magona, Aux enfants de mes enfants, 1991 ; Christopher Hope, Les chants d’amour de Nathan, 1993 ; Mike Nicol, La loi du capitaine, 1990 ; Ivan Vladislavic, Portés disparus, 1989 ; Mark Behr, L’odeur des pommes, 1993 ; Nadine Gordimer, Le safari de votre vie, 1991.

Ecrivains présents en 1989 au congrès (au Zimbabwe) pour tracer la voie à une Afrique du Sud démocratique : Antjie Krog (radicale), Breytenbach, Brink, Etienne Van Heerden, Ingrid Winterbach, Ingrid de Kok, Hein Willemse, Serote, Kgositsile. De nouveau, l’une des réponses les plus fortes à la transition est dans les poèmes (comme des sismographes de la violence) : Ingrid de Kok, Robert Berold, Kelwyn Sole, Tatamkhulu Afrika, Karen press. La poésie est le plus souvent dépouillée, sur la brèche, brute et ouverte, faite pour être lue à haute voix, retour aux racines orales.

Dans ces temps où le futur apparaît béant, l’acte de se souvenir devient crucial : Retours sur l’histoire : Stephen Watson, Le chant des Bushmen/Xam, 1991 ; Antjie Krog, Lady Anne, 1989.

Juste avant les élections de 1994, si on fait un bilan, on constate une certaine continuité de la littérature depuis le 19ème siècle : importance de la tradition orale et de l’invocation des ancêtres, primauté des relations interraciales, engagement politique de l’écrivain, puissance symbolique de la terre. L’écriture répond à une grave urgence sociale, laisse peu de place à l’abstraction, est parfois imprégnée de religion et souvent cherche à rallier le lecteur à ses convictions politiques. Elle est rarement capable de distance pour représenter la société fragmentée dans son ensemble.

Après 1994 : la littérature n’a pas changé radicalement. Optimisme chez quelques-uns au début, mais, face à la multitude de problèmes qui perdurent, les écrivains restent des contestataires. Sentiments de trahison, repères idéologiques qui restent confus, mais frontières ouvertes.

Deux expériences importantes et complexes : le retour d’exil et la commission « Vérité et réconciliation ».

Après l’apartheid : un espace de nouvelle liberté

Tous les écrivains, quelle que soient leur origine, se sont sentis concernés par la fin de l’apartheid : textes de plus en plus libérés et diversifiés.

La journée du 27 avril 1994 a marqué et marque encore. Niq Mhlongo, Dog Eat Dog, 2004 : comment un ado a vécu cette journée du 27 avril 1994 : enthousiasme, liberté. 20 ans plus tard, commentaires désabusés, ironiques.

Nombreux textes sur la commission Vérité et Réconciliation : Antjie Krog, La douleur des mots, 1998 : témoignage émouvant, double approche, mélange de honte et de fierté qu’on retrouve aussi dans Poussière rouge de Gilian Slovo, 2000.

La redécouverte du passé : une des premières préoccupations des écrivains : vastes recherches, fresques historiques.

Mandla Langa, Le souvenir des pierres, 2000 : sur fond d’histoire de l’Afrique du sud de 1960 à 1994 : à la fois sombre et plein d’espoir.

Mongane Wally Serote, Dieux de notre époque, 1999 : document sur les mouvements de résistance.

André Brink : exploration douloureuse du passé : Les imaginations du sable,1996 (vies imaginaires de neuf générations de femmes rebelles), Au-delà du silence, 2002 (l’arrivée au début du 20ème siècle de femmes blanches destinées à épouser des colons), L’insecte missionnaire, 2005 (esclave hottentot qui devient le premier missionnaire noir en 1818).

Au fil des ans les romanciers proposent des récits de plus en plus complexes, y compris dans la forme :

Mike Nicol, La tapisserie à l’Ibis, roman policier mais aussi rêves, cauchemars, référence à des tableaux ou des romans célèbres. Représentation kaléidoscopique, postmoderne de l’Afrique du sud, où tout se fracasse. Œuvre provocante, humour et amertume, avec une tonalité nouvelle : « un immense chagrin »

Njabulo S. Ndebele Le cri de Winnie Mandela, 2003 : souci de précision et, en même temps, recours à une imagination libératrice.

Une nouvelle donne littéraire : Aussi bien les « anciens » écrivains de l’époque de l’apartheid, que de nombreux jeunes écrivains dénoncent les ambiguïtés de la nation « arc-en-ciel ». Des exemples :

Nadine Gordimer, Personne pour m’accompagner, 1994 (cas de conscience d’une avocate blanche qui a longtemps défendu les noirs sous l’apartheid, mais qui réalise qu’elle était privilégiée et décide de vivre plus humblement) ; L’arme domestique, 1998 (dans une famille blanche qui s’est tenue à l’écart du racisme, le fils homosexuel tue son amant. Les avocats brillants du fils sont noirs : univers violent, remises en question) ; Un amant de fortune, 2001 (évocation sociale du pays, des couples mixtes, de l’ouverture sur le monde) ; Bouge-toi, 2005 (un scientifique devenu contagieux est mis à l’écart : métaphore de l’apartheid ; aujourd’hui il y a encore des menaces à la démocratie : terrorisme, virus, nucléaire…) ; Beethoven avait un seizième de sang noir, 2007 (délicat problème des gens de sang mêlé, recherche de ses origines)

Antjie Krog, En une autre langue, 2003 : hésitations, craintes, ambiguïtés après 1994

Achmat Dangor, Fruit amer, 2001 : foyer métis qui avait courageusement combattu l’apartheid : un viol 20 ans après et le passé ressurgit. Rien ne peut l’effacer, surtout pas la commission Vérité et réconciliation. Dénonciation des violences faites aux femmes.

Coetzee, Disgrâce, 1999 : récit perturbant : un père, obligé de démissionner de l’université (trop entreprenant avec ses élèves) subit cela comme une disgrâce et va vivre chez sa fille, dans une ferme de la province du cap : environnement menaçant, équilibre précaire. De jeunes noirs les agressent, violent la fille qui choisit de garder l’enfant : sorte de pacte pour pouvoir rester, sorte d’auto-punition acceptée en tant que blanche.

Damon Galgut, L’imposteur, 2008 : comment le passé vient encore encombrer le présent. Importance de comprendre ce qui a mené le pays jusqu’ici.

Zoé Wicomb, Des vies sans couleurs, 2006 : une jeune femme blanche cherche à connaître ses ancêtres et découvre que sa famille métis à la peau assez blanche a usurpé la qualité de blanc. Désemparée, elle finit par en faire un atout : dépasser les frontières.

Lieux symboliques revisités : la ferme et la ville, avec nouvelles formes d’écriture

Marlène Van Niekerk : Agaat, 2006 (ferme dans un lieu isolé ; au début, tout est très bien organisé puis se délite. La petite bonne noire prend petit à petit le pouvoir. Style hystérique, cacophonie de mots et d’idées) et Triomf, 1994 (récit dérangeant : banlieue misérable où vivent des blancs pauvres et déjantés, violents et profiteurs de la nouvelle donne politique).

Jeunes romanciers noirs qui évoquent la violence urbaine, génération Kwaïto :

Sello Duiker (s’est pendu à 30 ans en 2005) textes puissants : The quiet violence of dreams, 2001, 13 cents : des romans où de jeunes noirs orphelins vivent dans la rue, entourés de trafic de drogue, de prostitution, de violence, de folie. Cependant, toujours un peu d’espoir en fin des romans.

Phaswane Mpe (mort du sida), Bienvenue dans notre Hillbrow, 2001 description terrible d’un quartier de Joburg où un jeune étudiant noir finit par se suicider et une jeune étudiante brillante revient au village avec le sida.

Trois grandes voix s’imposent particulièrement : Ivan Vladislavic, Coetzee et Zakes Mda

Ivan Vladislavic parvient à dédramatiser l’apartheid, avec humour ; vision déconstruite de la société arc-en-ciel : tableaux cocasses.

Coetzee : grand romancier, prix Nobel en 2003, mélange de fiction et d’autofiction, portraits très complexes d’un homme et d’un écrivain, mais aussi d’une nation.

Zakes Mda : fait entendre un son nouveau, il rejoint la nouvelle « littérature-monde » : il célèbre le besoin d’un ailleurs partagé ; il dénonce la violence de la société, mais parvient à dépasser l’habituelle impuissance : humour, rire, solidarité, parole collective ; s’intéresse aussi à la place des femmes.

Depuis 1994 : Continuité : Les auteurs s’inscrivent dans le sillage des années sombres, avec cohabitation riche entre voix anglophones, afrikaners, blanches, noires et métisses. La diversité formelle est devenue la marque de cette littérature libre.

Un regard sur la poésie contemporaine

Le poète touche avant tout par sa voix, l’émotion, hors contexte local ; mais en AdS, les difficultés sociales et raciales sont si obsédantes, qu’elles apparaissent souvent en place principale dans la poésie. Politique et poésie sont au service l’une de l’autre ; le partage entre expression privée et expression publique est remis en question. Cependant : grande diversité des poèmes.

Aujourd’hui, les poètes écrivent pour une « communauté imaginée » et non plus pour un groupe particulier.

Questions importantes qui apparaissent dans la poésie contemporaine : la place de l’oralité, la violence politique et individuelle, la maladie, la mort, les silences transgressifs ; la question de la communauté et du poète isolé…

Un grand nombre de poètes continuent de protester, amers et en colère, contre la pauvreté et l’abandon, la trahison des élites noires. Ecrire d’après la situation locale, ses urgences, ses passions, mais aussi fraîcheur et énergie rarement rencontrées ailleurs.

La musicalité, les tonalités des poésies sont souvent liées à leur ancrage local (les racines du poète)

Comme ailleurs dans le monde, la poésie est le parent pauvre de la littérature (petites maisons d’éditions, peu de place dans les médias, peu de critiques, peu de visibilité)

Quelques poètes : Lebogang Mashile, Gabeba Baderoon, Ingrid de Kok, Karen Press, Antjie Krog, Rosamund Stanford, Makhosazana Xaba, Isabella Motadinyane, Bernat Kruger, Isobel Dixon, Vonani Bila, Angifi Dladla, Don Maclennan, Jeremy Cronin, Robert Berold, Donald Parenzee, Seitlhamo Motsapi, Mxolisi Nyezwa, Tatamkhulu Afrika, Alan Finlay, Lesego Rampolokeng, Denis Hirson, Shabbir Banoobhai.

Bibliographie

Livres en langue française, sauf quelques livres d’art

(Ligne précédée d’un Θ : auteurs non sud africains)

ESSAIS

L’Afrique du sud en général

Θ Paul Coquerel, Afrique du sud, Gallimard, 2010

Θ François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l’Afrique du sud, Seuil, 2006

Θ Philippe Gervais-Lambony, L’Afrique du sud, Cavalier bleu, 2009

Θ Georges Lory, L’Afrique du sud, Karthala, 2010

Θ Tidiane N’Diaye, Par delà les ténèbres blanches, Gallimard, 2010

Θ Raphael Porteilla, L’Afrique du sud, Infolio, 2010

L’Afrique du sud en particulier

Θ Sabine Cessou, Winnie Mandela, l’âme noire de l’AdS, Calmann-Levy, 2007 ; Johannesburg, la fin de l’apartheid, et après?, Autrement, 2008

Θ collectif, Les Bushmen dans l’histoire, CNRS, 2005

Θ collectif, Revue Hérodote N°82/83, La nouvelle AdS, Découverte, 1997

Θ collectif, Revue Africultures, Afriques du sud méconnues, Harmattan, 1999 ; Une nouvelle Afrique du sud?, Harmattan, 2003

Θ Philippe Dennis, Lettres d’Afrique du sud, E.M.E., 2011

Θ Jacqueline Derens, Nous avons combattu l’apartheid, Non lieu, 2006

Θ Anne Dissez, Enjeux de la nation arc-en-ciel, Acoria, 2010

Θ Didier Fassin, Afflictions: l’Afrique du Sud, de l’apartheid au sida, Karthala, 2004 ; Quand les corps se souviennent, Découverte, 2006

Θ Henry-Francis Fynn, Chaka, roi des zoulous, Anacharsis, 2004

Θ Philippe Gervais-Lambony, Espaces arc-en-ciel, Karthala, 2003

Θ Jean Guiloineau, Nelson Mandela, Payot, 2004

Θ Judith Hayem, La figure ouvrière en Afrique du sud, Karthala, 2008

Θ Olivier Hespel, Robyn Orlin, fantaisiste rebelle, Attribut, 2007

Θ Bill Keller Bill, Mandela: le dernier héros du XXè siècle, Table ronde, 2010

Θ François Lafargue, Géopolitique de l’Afrique du sud, Complexe, 2004

Θ Jean-Loïc Lequellec, Vols de vaches à Christol Cave, Publications Sorbonne, 2009

Θ Georges Lory, L’Afrique du Sud, ses voisins, leur mutation, Autrement, 2000

Nelson Mandela, Conversations avec moi-même, Martinière, 2010 ; Le temps est venu, Seuil, 2010 ; L’apartheid, Minuit, 1965

Un long chemin vers la liberté, LGP, 1996

Θ Claude Meillassoux, Les derniers blancs, Découverte, 1979

Θ Corinne Moutout, Défi sud africain, Autrement, 1997

Θ Cécile Perrot, L’Afrique du Sud à l’heure de Jacob Zuma, Harmattan, 2009

Θ Claire Raynaud, La mort m’attendra, Calmann-Levy, 2010

Albie Sachs, Dans les bagnes de l’apartheid, Messidor, 1986

Θ Jean Sevry, Chaka, empereur des zoulous, Harmattan, 1991

Donald Woods, Vie et mort de Steve Biko, Stock, 1988

Plus largement

Θ Derek Cohen, Apartheid et Israël, Actes Sud, 2008

Θ Philippe Gervais-Lambony, Territoires citadins, 4 villes africaines, Belin, 2003

Θ Adame Ba Konaré, Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy, Découverte, 2009

Θ Sandrine Lefranc, Politiques du pardon, PUF, 2002

Θ Jean Sellier, Atlas des peuples d’Afrique, Découverte, 2011

Θ Stephen Smith, Atlas de l’Afrique, Autrement, 2009

LITTERATURE

Breyten Breytenbach, L’empreinte des pas sur la terre (2008) – Actes Sud – 2008 ; Le monde du milieu (2009), Actes Sud, 2010

L’étranger intime (2007), Actes Sud, 2007

J. M.Coetzee, Doubler le cap (1992-99), Seuil, 2007

Θ Collectif, Revue Meet N°9, Sao Paulo/Le Cap, Meet, 2005

Θ Colectif, Revue Missives N°253, Littératures d’Afrique australe, Missives, 2009

Θ Collectif, Revue Siècle 21 N°7, La littérature sud africaine, Esprit des péninsules, 2005

Θ Collectif, Revue Europe N°708, Littérature d’Afrique du Sud, Europe, 1988

Θ Collectif, Cultures sud N°122: Littérature d’Afrique du Sud 1: poésie, Documentation française, 1995

N°123: Littérature d’Afrique du Sud 2: théâtre, nouvelles, romans, Documentation française, 1995

Θ Denise Coussy, Littératures de l’Afrique anglophone, Edisud, 2007

Nadine Gordimer, L’ écriture de l’existence (1995), 10/18, 1998 ; Le geste essentiel (1988), Plon, 1989

Vivre dans l’espoir et dans l’histoire (1999), Plon, 2000

Denis Hirson, Afrique du Sud, une traversée littéraire, Philippe Rey, 2011 ; Poèmes d’Afrique du Sud, Actes Sud, 2001

Θ Nganang, Manifeste d’une nouvelle littérature africaine, Homnisphères, 2007

Θ Alain Ricard, Histoire des littératures de l’Afrique sud saharienne, Ellipses, 2006

Θ Jean Sevry, Afrique du sud, ségrégation et littérature, Harmattan, 2000 ; Littératures d’Afrique du sud, Karthala, 2007

RECITS

Breyten Breytenbach, Le cœur-chien (1998), Actes Sud, 2005 ; Retour au paradis (1992), LGF, 1995 ; Feuilles de route (1986), Seuil, 1986

Une saison au paradis (1976), Seuil, 1986 ; Confession véridique d’un terroriste albinos (1983), Stock, 1984

André Brink, Mes bifurcations (2009), Actes Sud, 2010 ; Sur un banc du Luxembourg (1982), Stock, 1983

Retour au Luxembourg (1998), Stock, 1999

J. M. Coetzee, Paysage sud-africain (1988), Verdier, 2008

Θ Collectif, Des femmes écrivent l’Afrique, t2, l’Afrique australe, Karthala, 2009

Denis Hirson, La maison hors les murs (1986), Autrement, 1988 ;

Alfred Hutchinson, La route du Ghana (1960), Albin Michel, 1961

Rupert Isaacson, Les derniers hommes du Kalahari, Albin Michel, 2008

Elsa Joubert, Le long voyage de Poppie Nongena (1978), Belfond, 1980

Antjie Krog, La douleur des mots (1998), Actes Sud, 2004

Mazisi Kunene, Les ancêtres et la montagne sacrée (1982), Nouvelles du sud, 1994

Ellen Kuzwayo, Femme et noire en Afrique du sud (1985), Laffont, 1987

Rian Malan, Mon cœur de traître (1990), Plon, 1991

Winnie Mandela, Une part de mon âme, Seuil, 1986

Θ Thomas Mofolo, Chaka: une épopée bantoue (1925), Gallimard, 2010

A. S.Mopeli-Paulus, L’homme noir sous la lune (1953), Presses de la Cité, 1953

Θ Corinne Moutout, Aurores sud africaines, Payot, 1999

Es’kia Mphahlele, Au bas de la deuxième avenue (1959), Présence africaine, 1963

Mike Nicol, Mandela. Le portrait autorisé (2006), Acropole, 2006

Richard Rive, Buckingham Palace (1986), Belfond, 1991

Θ Christine Routier la Diraison, Changement de siècle à Johannesburg, Aube, 2001

Θ Carole Sandrel, Vénus hottentote, Perrin, 2010

Olive Schreiner, Rêves (1890), Flammarion, 1913

Laurens Van Der Post, Aventure au cœur de l’Afrique (1951), Albin Michel, 1954 ; Le monde perdu du Kalahari (1958), Payot, 2002

Blady. Mémoires dans le temps (1991), Lattès, 1993

Θ Adriaan Van Dis, La terre promise, Actes Sud, 1993

Ivan Vladislavic, Clés pour Johannesburg (2006), Zoé, 2009

Lyall Watson, L’oiseau-foudre, Actes Sud, 2004

ART

Θ Sabine Cessou, Afrique du Sud, Chêne, 2010

Bruce Clarke, Dominations, Homnisphères, 2006

Θ Margaret Courtney-Clarke, Ndebele, Arthaud, 2002

Θ Hélène Joubert, Valentin Manuel, Ubuntu, arts et cultures d’Afrique du Sud, RMN, 2002

William Kentridge, William Kentridge K5, Cinq continents, 2010

Θ Ernest Pignon-Ernest, Soweto, Galerie Lelong, 2003

Θ Olivier Sultan, Les Afriques: 36 artistes contemporains, Autrement, 2004 ; Africa Urbis, Sepia, 2005

Sue Williamson, South African Art Now, Harper Design (AdS), 2009

PHOTO

Θ Maryvonne Arnaud, Face to face, Johanesburg, IFAS, 2001

Θ Roger Ballen, Cette Afrique-là, Nathan, 1999

Ernest Cole, Photographer, Steidl (Allemagne), 2010

Collectif, Who killed M. Drum?-Corvo books (GB)-2003

Θ Collectif, Carnet de la création: AdS, 11 photographes, Œil, 2011

Θ Collectif, Figures and fictions: 17 photographes, Steidl (Allemagne), 2011

Θ Collectif, Revue Polka N°8: Welcome Soweto, Polka, 2010

David Goldblatt, TJ, Actes sud, 2010

Lawson L, David Goldblatt, Phaïdon (GB), 2001

Θ Tosha Grantham, Darkroom: photography and new media in south Africa, Virginia Museum (USA), 2009

Alf Kumalo, Through my lens, NB Publishing (AdS), 2011

Kunene et de Mervelec, Regards sur l’Afrique du sud, Nouveau Monde, 1996

Peter Magubane, Soweto, Taillandier, 1993 ; Amandebele, Sunbird Publisher (AdS), 2005

Zanele Moholi, Faces and phases, Prestel (USA), 2010

Jürgen Schadeberg, Afrique du sud: Horizon espérance, Verlhac, 2010 ; Photographies, IAC, 2006

Wally Mongane Serote, Shebeen blues, Gang, 2010

BANDES DESSINEES

Conrad Botes, Rats et chiens, Cornélius, 2009

Collectif, Bitterkomix, Association, 2009

Joe Daly, Scrublands, Association, 2007 ; The red monkey, Association, 2009

Karen De Villiers, Ma mère était une très belle femme, ça et là, 2010

Θ Hugo Pratt, Cato Zoulou, Casterman, 1993

Francis Stephen, Madame et Eve (plusieurs tomes), vents d’ouest, 1995/99

ROMANS

Peter Abrahams, Rouge est le sang des noirs (1946), Casterman, 1959 ; Je ne suis pas un homme libre (1954), Casterman, 1956

Une nuit sans pareille (1965), Casterman, 1966 ; Cette île entre autres (1966), Casterman, 1968

Le sentier du tonnerre (1948), Gallimard, 1950 ; Une couronne pour Udomo (1956), stock, 1958

Mark Behr, L’odeur des pommes (1993), Lattès, 2010

Hilda Bernstein, Nuit noire à Prétoria (1983), Harmattan, 2000

Troy Blacklaws, Karoo boy (2004), Seuil, 2008 ; Oranges sanguines (2005), Flammarion, 2008

Harry Bloom, Emeute au Transvaal (1955), Bons caractères, 2008

Breyten Breytenbach, Mémoire de poussière et de neige (1989), LGF, 1991

André Brink, L’amour et oubli (2004), Actes Sud, 2009 ; Dans le miroir (2006), Actes Sud, 2009 ; La porte bleue (2006), Actes Sud, 2007

L’insecte missionnaire (2005), Actes Sud, 2007 ; Au plus noir de la nuit (1973), LGF, 1978 ; Etats d’urgence (1987), LGF, 1990

Un instant dans le vent (1976), LGF, 1985 ; Rumeurs de pluie (1978), LGF, 1986 ; Une saison blanche et sèche (1979), LGF, 1982

Tout au contraire (1993), LGF, 1996 ; Adamastor (1993), LGF, 1995 ; Les imaginations du sable (1995), LGF, 1997

Au-delà du silence (2002), LGF, 2005; L’ambassadeur (1963), Stock, 1986 ; Un turbulent silence (1981), Stock, 2001

Le mur de la peste (1983), Stock, 1984 ; Un acte de terreur (1991), Stock, 1991 ; Le vallon du diable (1998), Stock, 1999

Les droits du désir (2000), Stock, 2001

Stuart Cloete, Le grand trek (1937), Arthaud, 1946

J. M.-Coetzee, Terres de crépuscule (1974), Seuil, 2005 ; Au cœur de ce pays (1977), Seuil, 2008 ; Foe (1986), Seuil, 2003

En attendant les barbares (1980), Seuil, 2000 ; Michael K, sa vie, son temps (1983), Seuil, 2000 ; L’âge de fer (1990), Seuil, 2002

Le maître de Petersbourg (1994), Seuil, 2004 ; Scènes de la vie d’un jeune garçon (1997), Seuil, 2002 ; Disgrâce (1999), Seuil, 2002

Vers l’âge d’homme (2002), Seuil, 2004 ; Elisabeth Costello, huit leçons (2003), Seuil, 2006 ; L’homme ralenti (2005), Seuil, 2007

Journal d’une année noire (2007), Seuil, 2009 ; L’été de la vie (2009), Seuil, 2010

Lindsey Collen, Une affaire de femmes (1997), Dapper, 2004

John Conyngham, Le commencement de la fin (1985), Rocher, 1991

Bryce Courtenay, La puissance de l’ange (1989), Belfond, 2000 ; Jessica (1998), Lattès, 2000

Achmat Dangor, La malédiction de Kafka (1997), Mercure de France, 2000 ; Fruit amer (2001), Mercure de France, 2004

Lewis Desoto, Les larmes viendront plus tard (2003), Plon, 2004

Ceridwen Dovey, Les liens du sang (2007), 10/18, 2010

Sello Duiker, 13 cents (2000), Yago, 2010

Athol Fugard, Totsi (2011), Yago, 2011

Damon Galgut, La faille (1995), Verticales, 1998 ; Un docteur irréprochable (2003), Olivier, 2005 ; L’ imposteur (2008), Olivier, 2010

Jeanne Goosen, On n’est pas tous comme ça (1990), Actes sud, 1999

Nadine Gordimer, Feu le monde bourgeois (1966), 10/18, 1994 ; Histoire de mon fils (1990), 10/18-1993

Personne pour m’accompagner (1994), 10/18, 1999 ; L’arme domestique (1998), 10/18, 2000 ; Bouge-toi! (2005), Grasset, 2007

Un monde d’étrangers (1958), Albin Michel, 1987 ; Fille de Burger (1979), Albin Michel, 1996

Ceux de July (1981), Albin Michel, 1992 ; Un caprice de la nature (1987), Albin Michel, 1990 ; Le conservateur (1974), Grasset, 2009

Un amant de fortune (2001), Grasset, 2002

Θ James Gregory, Goodbye bafana, Laffont, 2007

Rosamund Haden, L’église des pas perdus (2004), LGF, 2008

Bessie Head, La saison des pluies (1968), Zoé, 1998 ; Marou (1971), Zoé, 1998 ; Question de pouvoirs (1973), Zoé, 1995

La femme qui collectionnait les trésors (1977), Zoé, 1998 ; Contes de la tendresse et du pouvoir (1989), Zoé, 2000

Michiel Heyns, Jours d’enfance, Philippe Rey, 2010

Christopher Hope, A travers l’Angleterre mystérieuse (1996), Actes Sud, 1998 ; Les amants de ma mère (2006), Panama, 2007

Dan Jacobson, Une danse au soleil (1956), Gallimard, 1958 ; Son histoire (1987), Christian Bourgois, 1989

Sheila Kohler, Un endroit de rêve (1988), Gallimard, 1991 ; Splash (1999), Gallimard, 2001

Alex La Guma, Les résistants du cap (1972), Harmattan, 1988 ; Nuit d’errance (1962), Hatier, 1984 ; L’oiseau meurtrier (1979), Karthala, 1986

Etienne Leroux, Sept jours chez les Silberstein (1962), Laffont, 1970

David Lytton, Ces salauds de blancs (1960), Gallimard, 1964 ; Les habitants du paradis (1962), Gallimard, 1966

L’herbe pousse au printemps (1965), Gallimard, 1967 ; La liberté en cage (1966), Gallimard, 1968

Θ Hennig Mankell, Le fils du vent, Seuil, 2005

Richard Mason, 17 Kingsley gardens (2008), Lattès, 2009

Dalene Matthee, Des cercles dans la forêt (1984), J’ai lu, 1986 ; Le fils de Tiela (1985), Belfond, 1988

Zakes Mda, Le pleureur (1995), Dapper-1999 ; Au pays de l’ocre rouge (2000), Seuil, 2006 ; La madone d’Excelsior (2001), Seuil, 2004

Niq Mhlongo, After tears (2007), Yago, 2010

Sarah Gertrude Millin, Les enfants abandonnés de Dieu (1924), Plon, 1931

Kgebetli Moele, Chambre 207 (2006), Yago, 2010

Es’kia Mphahlele, Chirundu (1979), Dapper, 2003

Mike Nicol, La loi du capitaine (1989), Seuil, 2000 ; Le temps du prophète (1992), Seuil, 1993 ; Le cavalier (1994), Seuil, 1998

La tapisserie à l’ibis (1998), Seuil, 2004

Lewis Nkosi, Mandela et moi (2006), Actes Sud, 2010 ; Le sable des blancs (1983), Dapper, 2002

Alan Paton, Pleure, ô pays bien aimé (1948), LGP, 1954 ; Quand l’oiseau disparut (1953), LGP, 1970

Le bal des débutantes (1961), Albin Michel, 1963

Sol T.Plaatje, Mhudi (1930), Actes Sud, 1997

Marguerite Poland, Cantique pour Grace (2003), Fayard, 2006

Mewa Ramgobin, Quand Durban sera libre (1986), Harmattan, 2000

Daphné Rooke, L’arbre à fièvre (1946), Buchet-Chastel, 1954 ; Mitty (1951), Gallimard, 1954

Alan Scholefield, 5 romans, 1966 à 1980

Patricia Schonstein Pinnock, Skyline (2000), Eclose, 2008 ; Angeli (2003), Eclose, 2006

Karel Schoeman, Retour au pays bien aimé (1972), 10/18, 2009 ; En étrange pays (1984), Phébus, 2007

La saison des adieux (1990), 10/18, 2008 ; Cette vie (1993), 10/18, 2010

Olive Schreiner, La nuit africaine (1883), Phébus, 1999

Sipho Sempala, Retour à Soweto (1981), Harmattan, 2000

Wally Mongane Serote, Alexandra, mon amour, ma colère (1981), Messidor, 1988

Θ Tom Sharpe, Mêlée ouverte au Zoulouland, 10/18, 2006 ; Outrage public à la pudeur, 10/18, 2006

Antony Sher, Middlepost, Julliard, 1999

Gilian Slovo, Les liens du sang (1989), Messinger, 1990

Shawn Slovo, Un monde à part (1987), Flammarion, 1992

Wilbur Smith, nombreux romans d’aventure, Pocket

Wilma Stockenström, Le baobab (1981), Rivages, 2000

Madge Swindells, 12 romans, 1983 à 2005

Miriam Tlali, Entre deux mondes (1975), Harmattan, 2000

Laurens Van Der Post, Le visage auprès du feu (1953), Albin Michel, 1960 ; Plume de flamant (1955), Albin Michel, 1956

Une histoire comme le vent (1972), Stock, 1974

Etienne Van Heerden, Le domaine de Toorberg (1986), Stock, 1990 ; Un long silence (2000), Phébus, 2005

Marlene Van Niekerk, Triomf (1994), Aube, 2005 ; Agaat (2004), Gallimard, 2011

Henk Van Woerden, La bouche pleine de verre (1998), Actes Sud, 2004 ; Outremer (2005), Actes Sud, 2009

Ivan Vladislavic, La vue éclatée (2004), Zoé, 2007 ; La folie (1993), Zoé, 2011

Zoé Wicomb, Des vies sans couleur (2006), 10/18, 2010

Michael Williams, Le ventre du crocodile (1992), Dapper, 2004

NOUVELLES

Charles Bosman, La route de Mafeking (1947), Albin Michel, 1993

Breyten Breytenbach, Mouroir (1983), Stock, 1983

Θ Collectif, Enfants de la balle, nouvelles d’Afrique, Lattès, 2010

Achmat Dangor, En attendant Leila (1981), Dapper, 2003

Nadine Gordimer, L’étreinte d’un soldat (1980), 10/18, 1997 ; Le safari de votre vie (1991), 10/18, 1994 ; Le magicien africain, Plon, 2003

Quelque chose là-bas (1984), Albin Michel, 1985 ; Beethoven avait un 16ème de sang noir (2007), Gallimard, 2010

Pillage (2003), LGF, 2006 ; La voix douce du serpent, Plon, 2002 ;

Ernst Havemann, La voix du sang (1987), Gallimard, 1990

Θ Doris Lessing, Nouvelles africaines, 3 tomes, LGP, 2005

Njabulo Ndebele, Fools (1983), Complexe, 2000 ; Mon oncle (1983), Complexe, 2000

Ivan Vladislavic, Portés disparus (1993), Complexes, 1997 ; Le banc réservé aux blancs (2004), Zoé, 2004

Les monuments de la propagande (1996), Zoé, 2005

Zoé Wicomb, Une clairière dans le bush (1987), Serpent à plumes, 2000

THEATRE

Athol Fugard, Hello and goodbye (1966), Théâtrales, 1989 ; Maître Harold (1983), Hatier, 1985 ; Boesman et Lena (1969), Opale, 1979

Fugard, Themba, Mutloatse, Afrique du sud, theâtre des townships, Actes sud, 1999

Matsemela Manaka, Ekhaya, le retour, Solitaires intempestifs, 1998

William Plomer, La rivière aux courlis (1964), Actes Sud, 1993

POESIE

Breyten Breytenbach, Outre-voix (2009), Actes Sud, 2009 ; Feu froid (1976), Christian Bourgois, 1976 ; Tout un cheval (1989), Grasset, 1990

Métamorphase. Poèmes de prison (1975-82), Grasset, 1987 ; Lady One d’amour (2000), Melville (Léo Sheer), 2004

Dennis Brutus, Poèmes en temps d’apartheid, Laurence Teper, 2009

Θ Collectif, Hommage à Roy Campbell, Licorne, 1958

Denis Hirson, Jardiner dans le noir (2007), Temps qu’il fait, 2007

Peter Horn, Derrière le vernis du soleil (1964-89), EuropePoesie, 1993

Wopko Jensma, Jadis mes mains étaient des oiseaux, Voix d’encre, 1994

Antjie Krog, Ni pillard, ni fuyard (1969-2003), Temps qu’il fait, 2004

Antjie Krog et Tatamkhulu Afrika, Résistances, Créaphis, 2000

Mazisi Kunene, Poèmes zoulous (1970), Nouvelles du sud, 2011

Θ Jean Métellus, Voix nègres, voix rebelles, Temps des cerises, 2007

Stephen Watson, Le chant des Bushmen/xam (XIXè-1991), Karthala, 2000

ROMANS POLICIERS

Louis-Ferdinand Despreez, La mémoire courte (2006), Seuil, 2008 ; Le noir qui marche à pied (2008), Seuil, 2009

Wesel Ebersohn, Coin perdu pour mourir (1979), Rivages, 1994 ; Les greniers de la colère (1980), Coutaz, 1988

La nuit divisée (1981), Rivages, 1993 ; Le cercle fermé (1990), Rivages, 1996

Θ Caryl Ferey, Zulu, Gallimard, 2010

Θ Hennig Mankell, La lionne blanche, Seuil, 2005

James McClure, Le cochon qui fume (1971), Gallimard, 1995 ; Le flic à la chenille (1972), Gallimard, 1996

Le chien qui chante (1991), Gallimard, 1994

Déon Meyer, Jusqu’au dernier (1996), Seuil, 2003 ; Les soldats de l’aube (2000), Seuil, 2004 ; L’âme du chasseur (2002), Seuil, 2006

Le pic du diable (2004), Seuil, 2008 ; Lemmer, l’invisible (2009), Seuil, 2010 ; 13 heures (2008), Seuil, 2011

Margie Orford, Les captives de l’aube (2006), Payot, 2008 ; Roses de sang (2007), Payot, 2009

Michael Stanley, Un festin de hyènes, Seuil, 2011

JEUNESSE

Θ Philippe Barbeau, Nelson Mandela, humble serviteur de son peuple, Oskar, 2010

Lesley Beake, Sans domicile fixe (1987), Ecole des loisirs, 1994 ; Voyageur (1989), Ecole des loisirs, 1996

L’histoire de Séréna (1990), Ecole des loisirs, 1996 ; Le chant de Be (1991), Ecole des loisirs, 1995

Θ Pierre-Marie Beaude, La maison des lointains, Gallimard, 2008

Θ Tanella Boni, Miriam Makeba, une voix pour la liberté, A dos d’âne, 2009

Beryl Bowie, Un vélo dans la tête, Dapper, 1998 ; Les esprits mènent la danse, Dapper, 1999

Θ Collectif, Nelson Mandela, l’œil et le mot, Mango, 2001

Θ Vincent Crouzet, Mad Froggy, Thierry Magnier, 2010

Θ Ecole parc de Bellevue, Sur le sentier Xhosa, In octavo, 2008

Θ Anton Ferreira, Canif, chien zoulou, LGP, 2005

Θ Caryl Ferey, L’afrikaner de Gordon’s bay, Syros, 2010

Sheila Gordon, En attendant la pluie, Gallimard, 1999 ; Rébecca, Ecole des loisirs, 1992

Θ Mathieu Grousson, Nelson Mandela contre l’apartheid, Bayard, 2010

Gaby Halberstam, La liberté porte une chemise rouge sang, Bayard, 2010

Toeckey Jones, L’une est noire, l’autre blanche, Messidor, 1984 ; A fleur de peau, Messidor, 1986

Phillida Kingwill, Le message de l’aigle noir, Dapper, 1998

Hugh Lewin, Jafta, Ecole des loisirs, 1995

Betty Misheiker, Les contes du grand buffle, Gallimard, 2008

Θ Michael Morpurgo, Le lion blanc, Gallimard, 2002

Θ Mona Pelissier, Nahel et les lions blancs, LGP, 2008

A. A.-Pienaar, Une famille de lions (1923), Hachette, 1954

Θ Gunter Preuss, Bo, l’enfant pluie, Flammarion, 2002

Θ Chrystel Proupuech, Kobé, le petit Ndebele d’Afrique du sud, Mila, 2005

Θ Jean-François Radiguet, Requin bleu: un enfant noir en AdS, Harmattan, 2005

Θ Didier Reuss, L’Afrique du Sud, Grandir, 2011

Robin Saunders, Clone N°7, Dapper, 2001

Θ Alain Serres, Mandela: l’africain multicolore, Rue du Monde, 2010

Norman Silver, Il n’y a pas de tigres en Afrique, Ecole des loisirs, 1993 ; La danse du python, Ecole des loisirs, 1995

Un doute sur la couleur, Ecole des loisirs, 1994 ; Le cheval bleu, Ecole des loisirs, 1999

Gilian Slovo, Poussière rouge (2000), Gallimard, 2008

Dianne Stewart, Les graines du soleil, Ecole des loisirs, 1996

Θ Allan Stratton, Le secret de Chanda, Bayard, 2006 ; Les guerres de Chanda, Bayard, 2009

Θ Véronique Tadjo, Nelson Mandela: non à l’apartheid, Actes sud, 2010

GUIDES

Θ Philippe Chapleau, L’Afrique du Sud de A à Z, André versaille, 2011

Θ Collectif, Le guide du routard, Afrique du sud, Hachette, 2011

Θ Collectif, Le petit futé, Afrique du sud, Petit futé, 2010

Θ Anne Dissez, L’Afrique du sud aujourd’hui, Jaguar, 2008

CUISINE

Θ Danielle Ben Yahmed, Les merveilles de la cuisine africaine, Jaguar, 2011

Θ Maguelonne Toussaint-Samat, Plats africains: petits et grands festins, Sud Ouest, 2010

Coups de cœurs

Philippe Gervais-Lambony, L’Afrique du sud, Le Cavalier bleu, 2009

Philippe Gervais-Lambony est agrégé de géographie et docteur de l’École des Hautes Études en sciences sociales. Il a conduit des recherches sur les villes d’Afrique de l’Ouest, puis d’Afrique australe où il a séjourné plusieurs années. De 1994 à 1997, il a été à Johannesburg, directeur scientifique de l’Institut français d’Afrique du Sud dont il a créé le département de recherche en sciences sociales. Il est membre du laboratoire Gecko. directeur de publication de la revue Justice spatiale/Spatial Justice (www.jssj.org) et responsable du programme de recherche Jugurta sur les villes africaines (www.jugurta.org.)

Tidiane N’Diaye, Par delà les ténèbres blanches, Gallimard, 2010

C’est en anthropologue, spécialiste des civilisations négro-africaines et de leurs diasporas, que Tidiane N’Diaye – dont l’oeuvre est traduite et fait débat dans le monde entier – dénoue ici, avec simplicité et brio historique, la complexe épopée sud-africaine, entre migrations croisées, nazisme tropical et rayonnante tolérance d’un homme qui donne à voir l’homme au-delà de sa peau et de ses pouvoirs.

Breyten Breytenbach

Poète, écrivain, dramaturge et peintre, né en 1939, il a été un point de référence pour les écrivains sud-africains tout au long des trois décennies passées. Hostile à la discrimination raciale, il s’exile,rentre clandestinement, est arrêté et condamné à neuf années de prison pour terrorisme, puis libéré. Il vit aujourd’hui entre Paris, New York et l’Afrique du Sud, et poursuit l’écriture (en afrikaans et en anglais) d’une œuvre qui mêle roman, poésie et autobiographie, en grande partie traduite en français. Par la littérature et l’usage de mots profonds et justes, il nous offre à voir une identité troublée qu’il cherche sans cesse à redéfinir, inscrite dans l’Histoire du monde.

Le cœur-chien (mémoires, 1998) Actes sud, 2005 :

Le Cœur-chien est le livre de la réconciliation d’un homme avec son pays, son peuple, sa langue. « De même qu’on ne peut survivre sans rêves, on ne peut avancer sans le souvenir du lieu d’où l’on vient, même si ce voyage est fictif. Ce que nous appelons identité, n’est-ce pas cette situation faite de bouts et de morceaux qui sont les souvenirs de rencontres, de situations et d’événements précédents, des souvenirs accrochés aux branches ? » (Jean Guiloineau, traducteur)

Le monde du milieu (essai, 2009) Actes sud, 2010 :

Regard d’un poète engagé sur le monde et ses dérives, sur son pays l’Afrique du Sud, dans sa nouvelle actualité, sur le continent africain et son devenir. Ce recueil de quinze textes est un cri, un appel à la réflexion, à la remise en question, une invitation à la rigueur et à la vigilance. Breyten Breytenbach nous entraîne à travers les interstices du monde. Il nous invite à la rencontre de tous ceux qui, par leurs idées, leurs itinéraires, leurs choix, se sont arrachés à leur contexte premier pour accéder à un autre point de vue, pour créer une autre sphère de réflexion. Et c’est ainsi qu’il révèle ce « Monde du milieu » tout en nuances, différences, altérités, toujours en marge, et pourtant essentiel, où se retrouvent, en un fabuleux cortège d’intelligences, de nombreux artistes et intellectuels, de tous temps et de tous lieux.

Denis Hirson

Né en Angleterre en 1951, de parents sud-africains. Il a vécu en Afrique du Sud à partir de 1952 et a fait des études d’anthropologie. En 1973, il quitte le pays, et s’installe définitivement en France deux ans plus tard. Acteur, enseignant, écrivain, traducteur en anglais de poèmes de Breyten Breytenbach.

Poèmes d’Afrique du Sud (anthologie), Actes sud, 2001 :

Sans vouloir réduire le travail très varié des quarante-sept poètes présents dans cette anthologie à un seul modèle, on peut les considérer comme représentatifs de la lignée relativement récente d’une poésie née en Afrique du sud en rupture avec l’héritage colonial. L’objectif de ce livre serait donc de retracer l’évolution de cette lignée du début des années soixante jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix en insistant sur le fait que l’Afrique du sud a été, et reste encore, une entité fragmentée, scindée sur le plan psychique, racial, territorial, où l’écrivain ne peut refléter « qu’une fraction minuscule de la vie ».

Jardiner dans le noir (poésie) Le temps qu’il fait, 2007 :

Une traversée de l’espace et du temps : au début de l’ouvrage, l’auteur se remémore son enfance auprès de ses parents en Afrique du Sud sous l’apartheid ; puis, devenu père à son tour, il évoque ses enfants et sa vie en France. Entre ces deux moments, le livre glisse des motifs du deuil à ceux de l’amour tandis qu’un dialogue s’instaure entre des poèmes, narratifs pour la plupart, et des textes en prose plutôt lyriques. Jardiner dans le noir poursuit avec ferveur, émotion et révolte, le travail de mémoire qu’a entrepris Denis Hirson depuis le milieu des années 1980 sur l’Afrique du Sud.

Antjie Krog

Née en 1952 dans l’état libre d’Orange. Fille de fermiers afrikaners nationalistes, Antjie Krog se singularise à l’âge de seize ans en publiant une poésie célébrant l’amitié entre Noirs et Blancs. Un scandale. Dans la poésie afrikaans, Antjie Krog est à sa génération ce que Breyten Breytenbach fut à la sienne : une voix puissante, audacieuse, inventive. Plusieurs prix littéraires viennent couronner ses oeuvres, en Afrique du Sud comme aux Pays-Bas.

La douleur des mots Actes sud, 2004 :

« Livre d’un poète, La douleur des mots est à l’image du nom de son auteur : un croque-madame que l’on s’offre un après-midi de grande faim. » (Nimrod)

En 1994, après quarante années d’apartheid, l’Afrique du Sud met en place la Commission Vérité et Réconciliation. Pendant deux ans, victimes et bourreaux vont dire l’horreur. La poétesse Antjie Krog a couvert pendant 4 ans l’événement pour la radio nationale, elle écrit ici la douleur de son pays. Les témoignages des victimes, les missions des agents de l’apartheid, l’entrée en scène de Winnie Mandela, la conférence de presse de l’ancien président P. W. Botha, Antjie Krog est là, elle écoute, enregistre, diffuse et souffre… Aussi poignant que percutant, ce livre est un document qui donne la parole aux oppresseurs et aux opprimés à travers le récit de cette femme qui ne cache rien de ses impressions, de ses émotions, de ses indignations ni de ses questionnements face aux témoignages de ceux qui ont rencontré brutalement et souvent tragiquement le cours de l’histoire.

Ni pillard, ni fuyard Le Temps qu’il fait, 2004 :

Des poèmes à la fois rugueux et riches en métaphores, où l’engagement politique et le féminisme ne se départissent jamais d’un amour profond pour ses proches et pour les paysages de son pays.

J. M.Coetzee

John Maxwell Coetzee, né au Cap en 1940, est issu d’une longue lignée de colons afrikaners. Études supérieures en Angleterre où il reçoit une formation poussée en linguistique et en informatique, puis poursuit des études d’anglais à l’université du Texas. Obligé de partir des États-Unis au début des années soixante-dix, à cause de sa participation aux manifestations contre la guerre au Viet-Nâm, il choisit finalement de retourner en Afrique du Sud, malgré les difficultés et les incertitudes. Outre ses romans traduits dans vingt-cinq langues et abondamment primés – il est le seul écrivain deux fois lauréat du prestigieux Booker Prize et l’ensemble de son œuvre a été couronné par le prix Nobel de littérature en 2003 – J. M. Coetzee a également publié des traductions anglaises de textes afrikaans et des essais. Dans une œuvre puissante, il médite sur l’aliénation de la société de son pays. Ses romans rayonnent d’une ardeur intense et froide. Des romans « à l’écriture économe », estime-t-il simplement, où la réalité politique et sociale sud-africaine est présente de façon souvent indirecte, sous forme d’une méditation, de livre en livre poursuivie et approfondie, sur la violence, la honte, l’aliénation, la désagrégation de la vie morale.

Disgrâce (1999), Seuil, 2002 :

Coetzee porte avec Disgrâce, son plus grand livre peut-être, un regard d’un pessimisme presque insoutenable sur l’Afrique du Sud post-apartheid. Coetzee y met en scène, à travers l’histoire d’un père et de sa fille adulte, un pays malade, maladivement violent, scindé en deux communautés irréconciliables. L’une assoiffée de mener à son terme atroce la vengeance qu’appellent des décennies d’humiliation et de spoliation, l’autre accablée d’une culpabilité et d’une honte inexpiables.

En attendant les barbares (1980), Seuil, 2000 :

Ce roman s’offre à lire comme une parabole, une allégorie détachée d’une réalité historique précise, mais qui scrute puissamment le désastre moral qui frappe les individus et la civilisation en des temps où règnent l’asservissement et l’oppression. Un homme juste et bon, le Magistrat, veille sur une cité paisible aux confins de l’Empire Au-delà des frontières, une terra incognita est parcourue par des nomades chasseurs. Afin de prévenir les incursions des « barbares », le pouvoir central organise des expéditions punitives. Le Magistrat s’éprend d’une jeune prisonnière aux chevilles brisées. Convaincu d’intelligence avec l’ennemi, il devient lui aussi victime des tortionnaires.

Le Maître de Pétersbourg (1994) Seuil, 2004 :

Un ouvrage profond, subtil, grave, où l’on retrouve le style austère de Coetzee, mais aussi un univers intérieur trouble et émouvant, porté par une intrigue captivante. Fiodor, dérouté par les interrogatoires policiers, traqué par un indicateur qui pénètre dans son intimité, fasciné et écoeuré par sa rencontre avec un homme fanatique, découvre une Russie malade, rongée par la pauvreté, l’autorité stupide et la violence destructrice.

Sello Duiker

Sello Duiker venait juste d’atteindre 30 ans lorsqu’il s’est suicidé le 19 janvier 2005. Quelques semaines auparavant, son ami, écrivain également, Phaswane Mpe était mort du sida à 34 ans. Avec leurs romans Thirteen Cents et Welcome To Our Hillbrow, embrassant la question des sans-abris et de l’homosexualité pour le premier, du sida, de la xénophobie et du suicide pour le second, Duiker et Mpe étaient devenus les chefs de file d’une nouvelle bande d’auteurs sud-africains auto-proclamés porte-parole de la « littérature kwaito ». La mort de ce jeune auteur noir pose la question d’un profond malaise existentiel dans la  » nouvelle  » Afrique du Sud.

13 cents (2000), Yago, 2010

13 cents est un texte puissant, le récit des tribulations de Azure, un gamin qui essaie de survivre dans les rues du Cap. Confronté à la faim et à la violence, aux gangsters et aux pédophiles, il ne peut compter que sur lui-même dans une ville qui, loin de clichés idylliques, apparaît comme une arène peuplée de prédateurs et de créatures fantastiques. Plongée choquante et poétique dans l’univers de la rue, errance hallucinée dans l’enfer du Cap, 13 cents oscille entre la grâce enfantine et la violence pure.

Niq Mhlongo

Niq Mhlongo né à Soweto en 1973, appartient à la « génération kwaïto ». Il écrit à propos de sujets qui reflètent la jeunesse sud-africaine d’aujourd’hui « un monde complexe où l’apartheid et les injustices du passé ne sont plus celles qui nous concernent » Il essaie d’inventer une écriture qui rime avec l’afro-pop et le rap, et parle du chômage, du sida, de la pauvreté et de la criminalité.

After tears (2007), Yago, 2010

Novembre 1999. Un nouveau millénaire s’annonce pour une nouvelle Afrique du sud. Après quatre années d’études, Bafana vient de rater ses examens d’avocat. Il revient à Soweto, le cœur lourd. Niq Mlhongo brosse le portrait haut en couleurs d’une société en plein bouleversement, campe une galerie de personnages truculents, joyeux, violents et exaspérés, et jette une lumière tragi-comique sur les difficultés de la vie dans le township.

Kgebetli Moele

Né en 1978, il appartient à la « kwaito generation ». Chambre 207 est son premier roman. Nominé pour le très prestigieux commonwealth writer’s prize en 2007, il a remporté le prix H. C. Bosman de la meilleure œuvre de fiction.

Chambre 207(2006), Yago, 2010 :

« On ne sait jamais ce qui nous attend à Johannesburg, mais je te donne un conseil : marche prudemment et réfléchis vite. Ici, soit tu es rapide, soit tu es mort. Bienvenue à Johannesburg. ». Hillbrow : le quartier le plus dangereux de la ville la plus dangereuse du monde. Un endroit où personne ne veut s’éterniser. Pendant plus de dix ans, six jeunes hommes y partagent la même chambre. Réussir à s’en sortir est leur but. La musique, l’écriture et les filles sont leurs passions. À travers leur histoire, K. Moele aborde le quotidien des jeunes sud-africains. Ce roman désenchanté et ironique, au style direct comme un coup de poing, a déclenché de vives polémiques dans son pays, à cause de sa façon d’aborder le racisme, la violence et la pauvreté.

Damon Galgut

Né à Pretoria en 1963. Études de théâtre à l’université du Cap. Romancier, nouvelliste, scénariste et dramaturge, il a écrit son premier roman à l’âge de dix-sept ans.

L’imposteur (2008), L’Olivier, 2010 :

Quand Adam perd son emploi, il quitte Johannesburg et se retire dans une maison du bush sud-africain pour écrire. Mais un homme vient perturber sa solitude. Il s’appelle Canning et se présente comme un ancien camarade de classe. Adam n’a aucun souvenir de ce prétendu « ami », pourtant il le laisse entrer dans sa vie. Canning affiche tous les signes extérieurs de la réussite : une maison luxueuse, des projets ambitieux, une femme séduisante. Attiré par l’étrangeté du couple, Adam décide d’aller au bout de l’imposture en acceptant de jouer le rôle qui lui est proposé. Dans ce récit amer, plane le spectre de l’apartheid. Tout contribue à rendre l’atmosphère étrange et oppressante. Un roman d’une beauté âpre et envoûtante sur la vanité humaine.

Bessie Head

Née de l’union « illicite » d’une jeune blanche avec son garçon d’écurie noir, elle a connu l’exclusion et l’exil. Enlevée à sa mère qui fut enfermée dans un asile psychiatrique. Elle est journaliste à Johannesburg et au Cap, puis contrainte à l’exil dans un village du Botswana. Elle meurt subitement à 49 ans, laissant des récits en grande partie autobiographiques, où elle tente de trouver, à travers son attachement à la terre, le moyen de recouvrer la dignité et l’amour dont on l’a privée.

La saison des pluies (1968), Zoé, 1998

Fuyant l’Afrique du Sud, la ségrégation raciale et les persécutions, Makhaya se réfugie au Botswana. Dans ce pays, la sécheresse et le tribalisme règnent en maîtres. Mais à Golema Mmidi, le village où Makhaya a trouvé refuge, la situation va peut-être changer. Grâce à Gilbert, un Blanc qui tente d’implanter de nouvelles méthodes de culture et d’élevage, grâce à l’énergie des femmes, grâce à toutes les « choses bonnes » que les gens ont en eux et qui, dans ce pays aride, « sont appelées pluie ».

Alex La Guma

(Le Cap, 1925 – Cuba, 1985). Né dans l’importante communauté « Coloured » ou « Métis » du Cap, dotés d’un statut spécial dans le régime de l’apartheid, il est le fils d’une des grandes figures du parti communiste sud-africain. Il a grandi dans un climat de lutte permanente contre l’oppression raciale et s’est très tôt engagé à la fois dans le parti et dans le journalisme. Ses activités politiques lui vaudront à maintes reprises d’être arrêté, emprisonné ou astreint à résidence. Il finit par s’exiler à Londres avec sa famille en 1966, puis pour Cuba où, de 1978 jusqu’à sa mort, il est le représentant de l’ANC pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Les résistants du cap (1972), L’Harmattan, 1988 :

Roman dense et fort, parfois proche de la grandeur épique du Steinbeck des Raisins de la colère, qui évoque la résistance des Noirs à la politique d’apartheid : peurs, fraternités, espoirs.

Zakes Mda

Zakes Mda, né au Cap en 1948, fait entendre un son nouveau. Il rejoint la nouvelle « littérature-monde » : Il célèbre le besoin d’un ailleurs partagé, dénonce la violence de la société, mais parvient à dépasser l’habituelle impuissance, avec l’humour, le rire, l’évocation de la solidarité, de la parole collective. Il s’intéresse aussi à la place des femmes en afrique du Sud.

La madone d’Excelsior (2001), Seuil, 2004 :

Aux beaux jours de l’apartheid dans l’État libre d’Orange, Excelsior a sa ville blanche et son township noir, ses notables et ses domestiques dont les frères et les maris triment dans les mines de Welkom. Tout semble dans l’ordre. Sauf dans la grange du fermier Johannes Smit, qui accueille des ébats illicites, où le boucher, le pasteur, l’officier de police goûtent les plaisirs de la chair noire, accorte et consentante. Ce n’est pas l’adultère mais le métissage qui est hors la loi de l’apartheid. On arrête donc les coupables, blancs et noires, dont Niki, bien-aimée de son patron boucher. De leurs amours est née Popi la blonde. Le procès retentissant, en 1971, des « 19 d’Excelsior » est le point de départ de l’histoire de deux communautés. De la foire aux cerises au salon du pasteur, de l’étude du notaire au conseil municipal virant de bord, Mda mène son petit monde avec une verve et une tendresse indulgente pour tous, nous fait rire et pleurer en noir et blanc et en couleurs.

Lewis Nkosi

Né à Durban en 1936, journaliste, il est banni en 1966 et s’exile à Londres, où il collabore à de nombreux journaux et revues. Par la suite professeur de littérature dans plusieurs universités, il est l’auteur d’une pièce qui évoque les tensions raciales à Johannesburg, de nouvelles, de romans et d’essais sur les littératures négro-américaines et sud-africaines.

Le sable des blancs (1983), Dapper, 2002 :

Sibiya, un étudiant zoulou, sera pendu dans quelques jours pour viol. Tout avait commencé à Durban, sur le sable immaculé : Veronica Slater, une anglaise de petite vertu, offre complaisamment au soleil sa chair rose. Il réussira à coucher avec elle, le temps d’une relation sans parole, temps au cours duquel son regard ne cessera d’explorer le corps de l’inconnue comme s’il voulait en faire l’objet d’un poème sensuel et libertaire. A présent, du fond de sa geôle, il repasse les instants de sa vie : son enfance au village, puis le bidonville où sa mère se démène, enfin, l’université qui l’a exclu. Le désir et la révolte sont les seuls matériaux par lesquels ce roman parvient à peindre le destin d’un condamné à mort. Le sable des blancs constitue un apport majeur à la compréhension de l’histoire de l’Afrique du sud post-apartheid.

Sol T. Plaatje

Né dans l’État libre d’Orange, 1876 – mort en 1932

Mhudi. Une épopée retraçant la vie des indigènes en Afrique du Sud il y a cent ans (1930), Actes Sud, 1997 :

Mhudi est un livre fondateur dans l’histoire des littératures africaines. Épopée guerrière, poème lyrique célébrant les liens étroits unissant l’homme à la nature et au cosmos, roman d’amour, chant à la gloire de la femme africaine, récit d’aventures aux multiples péripéties, saga historique, dénonciation politique, ce livre est l’un des tout premiers romans noirs publiés en Afrique du Sud. Mhudi en est l’héroïne : elle va, par son courage limpide, sauver son mari RaThaga des tribus Matabélés qui faisaient alors irruption au Botswana. Des contes, des proverbes viennent s’insérer dans ce récit épique qui est aussi une réhabilitation de la culture pré-coloniale. Il se dégage de ce livre une grande noblesse, et comme une tendresse fervente à l’égard de la vieille Afrique.

Marlene Van Niekerk

Née en 1954 dans la province du Cap, elle étudie les langues et la philosophie où elle écrit ses premières pièces de théâtre. Elle enseigne la philosophie, puis la littérature afrikaans et néerlandaise à l’université. Sa notoriété, tant en Afrique du Sud qu’à l’étranger, ne cesse de croître depuis la publication de son best-seller Triomf.

Triomf (1994), Aube, 2005 :

Récit dérangeant, au style tranché, fragmenté, avec une cacophonie de mots et d’idées, de tendresse et de dégoût. Marlène Van Niekerk retrace la vie d’une famille blanche pauvre, les Benade, au cours des deux mois qui ont précédé les premières élections libres en Afrique du Sud, en 1994. Chez les Benade, l’inceste est érigé au rang de tradition. Humiliés et désespérés, ils réussissent cependant à obtenir un logement dans le nouveau quartier blanc, Triomf, érigé sur les ruines de Sophiatown, ancienne township de Johannesburg rasé par le pouvoir de l’apartheid. C’est l’histoire d’un double traumatisme, celui de la pauvreté et celui d’un régime qui s’effondre en emportant dans son naufrage les quelques rares points de repère qui permettaient encore à cette famille du sous-prolétariat afrikaner de survivre. La famille se referme alors sur sa honte et ses secrets dans son carré encombré de gravats et d’ordures. La langue des Benade se réduit à un état brut, sa syntaxe est des plus fruste. Le plongeon final aura lieu le 24 novembre 1994, jour des élections.

Zoé Wicomb

Née dans la province du Cap en1948, elle a commencé des études de lettres à l’université de Western Cape, alors réservée aux métis, avant d’aller les achever en Grande-Bretagne. Rentrée en Afrique du Sud avec la fin de l’apartheid, elle est très engagée dans les questions de l’avenir de la littérature sud-africaine et du féminisme, elle a acquis une reconnaissance internationale par ses nombreuses contributions à des revues et par ses prises de position à l’occasion de conférences.

Des vies sans couleurs (2006), 10/18, 2010 :

L’indépendante Marion Campbell mène une existence paisible au Cap, où l’agence de voyages qu’elle a fondée prospère. Mais tout n’est qu’apparence. La nuit, son sommeil est agité, et le jour, elle est hantée par les souvenirs confus qu’a fait ressurgir en elle la photographie d’une femme en première page du journal. Marion a la troublante impression d’être liée à elle d’une manière ou d’une autre. Or son vieux père refuse obstinément de s’associer à sa quête. Dans le contexte de l’Apartheid, les parents de Marion avaient formé le rêve de changer de couleur. Leur carnation particulièrement claire leur aura permis de se constituer après leur mariage une fausse identité blanche: un jeu de dupes qu’ils auront payé le prix fort, rompant avec leurs familles, leurs amis et leur religion, rechignant à faire un enfant, se surveillant sans cesse et nourrissant l’angoisse d’être un jour démasqués. Une vie de mensonges et de cruels efforts qui n’aura valu d’être vécue que pour assurer l’avenir de Marion. Sur une trame subtile et délicatement tissée, Zoë Wicomb décrit avec force l’héritage des enfants nés des mensonges de l’Apartheid, le poids de la honte et du silence.

Ivan Vladislavic

Ivan Vladislavic, né en 1957 à Pretoria, vit et travaille comme éditeur indépendant à Johannesburg où il a collaboré avec les plus grands écrivains contemporains d’Afrique du Sud. Il a participé activement au magazine littéraire critique Staffrider. Il a publié deux recueils de nouvelles et trois romans, et gagné plusieurs prix littéraires. André Clavel écrit à son propos « Vladislavic veut arracher sa patrie à ses tourments en lui offrant un supplément d’âme : pas étonnant qu’il soit si spirituel « 

Clés pour Johannesburg (2006), Zoé, 2009 :

Début du deuxième millénaire, Johannesburg reste divisée, désormais autant par la pauvreté et la violence que par la race. Vladislavic, fin arpenteur des rues, des quartiers, des parkings, des jardins, circule de scène en scène aussi cocasses que tragiques. Le livre est composé de 138 entrées, comme autant de clés pour comprendre la ville, à la manière Vladislavic : sorte de regard agile et enregistreur, esprit joueur qui analyse, compare, fait des liens et manie les mots pour dire les impressions les plus fines. Ce texte est une ode amoureuse à Johannesburg, industrielle, polluée, dangereuse, belle et injuste.

Le banc réservé aux blancs (2004), Zoé, 2004 :

L’apartheid vient d’être aboli et Coretta King, la veuve de Martin Luther King, s’apprête à inaugurer le musée consacré à cette période sinistre. Les préparatifs vont bon train, mais les employés, très fiers de leur copie parfaite d’un banc WHITES ONLY, l’un des symboles les plus forts de l’époque révolue, sont en conflit avec leur directrice qui ne veut pas de faux dans ses collections. Or les appels au public pour obtenir des pièces authentiques sont restés vains et ont même engendré des situations ahurissantes. Sous le comique et le rocambolesque s’ouvre un monde de souffrances et d’humiliations restées vives : la blessure n’est pas cicatrisée. L’auteur manie ici l’ironie et la satire avec maestria.

Stephen Watson Le chant des Bushmen/xam, Karthala, 2000

Poèmes inspirés du patrimoine oral des Bushmen-Xam recueilli par W. H. Bleek (1827-1875) au XIXe siècle.

Les Bushmen/Xam étaient un peuple de chasseurs-cueilleurs qui vivaient depuis près de cinq mille ans en Afrique du Sud, dans l’actuelle province du Cap. Dès le début du XXe siècle, ils avaient complètement disparu, exterminés à la longue par la colonisation européenne. Dans les années 1860, le grand linguiste allemand W.H. Bleek, conscient du génocide en cours, prit à son service trois Bushmen/Xam, condamnés aux travaux forcés, et entreprit avec eux de sauver ce qui pouvait encore l’être de leur langue et de leur patrimoine oral. Ce n’est pas sans une grande émotion et un infini respect que Stephen Watson, poète sud-africain contemporain, a décidé de redonner vie à quelques-uns de ces textes d’une beauté fulgurante.

André Brink

Né dans l’État libre d’Orange en 1935, son enfance et son adolescence se déroulent dans le milieu fermé et très traditionnel des Afrikaners de province. Mais en 1959, il vient en France suivre des études à la Sorbonne et les deux années qu’il passe à Paris suffisent à faire s’effondrer toutes ses certitudes. Rentré en Afrique du Sud, il devient un des principaux représentants des Sestigers, la nouvelle génération d’écrivains afrikaners qui se révoltent avant tout contre les thèmes et les structures éculés du roman de langue afrikaans. Il s’engage résolument dans la lutte contre l’apartheid. Outre de très nombreuses traductions, André Brink a publié près d’une cinquantaine de livres : romans, pièces de théâtre, critique littéraire, récits de voyage, humour, etc. Il a aussi écrit pour le cinéma et la télévision.

Mes bifurcations (2009), Actes Sud, 2010 :

C’est en romancier qu’André Brink choisit de composer ce livre de Mémoires, en alternant narration et réflexions. Le lecteur découvre ainsi la trajectoire, les convictions et les doutes, les « bifurcations » d’un intellectuel issu d’une famille qui ne remet pas en question l’apartheid, le parcours d’un enfant qui va grandir entre ruptures et attachements, violence silencieuse des conflits familiaux, terreur de la rue et sérénité d’un milieu privilégié. Promenant le fil de sa vie sur des chemins de traverse et livrant son amour des arts, de la musique et de la peinture, André Brink fait défiler sous nos yeux avec virtuosité mille autres sujets, majeurs ou anecdotiques, qui dessinent peu à peu l’histoire d’un Sud-Africain né en 1935, qui, depuis l’enfance jusqu’à la toute dernière élection présidentielle, condamne les horreurs de l’apartheid comme les dérives du gouvernement actuel, sans jamais s’affranchir de l’amour qu’il porte à cette terre qu’il n’a jamais quittée.

Louis-Ferdinand Despreez

Un Sud-Africain souhaitant garder l’anonymat signe en français des polars politiquement incorrects. Dès la publication de son premier polar, on avait subodoré une aventure littéraire peu ordinaire. Voilà un écrivain dont c’était apparemment le premier livre, un Sud-Africain né en 1955 dans la province du Transvaal, descendant de huguenots immigrés, d’expression anglaise mais parlant et écrivant parfaitement le français. À cela s’ajoutaient pas mal de mystères. Notre homme se montre fort discret, en raison de ses activités « au service du gouvernement sud-africain ». Il n’existe aucune photo de lui. Et on se demande du coup si son nom ne serait pas un pseudonyme. Le genre policier, outre le fait de « ne pas se prendre au sérieux », permet à l’écrivain une grande liberté : « De raconter “mon” Afrique du Sud sans chercher à plaire ni aux Blancs, ni aux Noirs, ni aux intellos, ni à personne en particulier  », dit-il.

Le noir qui marche à pied (2008), Seuil, 2009 :

Deuxième aventure du héros, le superintendant Zondi du SAPS (South African Police Service) de Pretoria. L’inspecteur Zondi, surnommé «Bronx» par ses collègues à cause de son bref passage au FBI, a commencé sa carrière en coursant la racaille de Johannesburg et des townships du Gauteng. Lui qui s’est toujours conduit en profiler, qui a toujours cherché à comprendre ce qui pouvait bien se passer dans la tête des criminels, va devoir aujourd’hui plus que jamais user de ce talent: c’est la cinquième disparition d’enfant signalée à Pretoria depuis la rentrée des classes. Aucune demande de rançon, et pas la moindre piste…

Déon Meyer

Né en 1958, auteur de romans policiers, il écrit en afrikaans. Il a fait ses études à l’université avant de travailler comme journaliste pour Die Volkablad, quotidien afrikaner de Bloemfontein. Ses romans ont été traduits dans plusieurs langues. Ils reflètent la diversité culturelle de l’Afrique du Sud contemporaine, ses tensions et ses efforts pour vaincre le sous développement.

L’âme du chasseur (2002), Seuil, 2006 :

Tiny Mpayipheli, soit « P’tit » Mpayipheli, est un géant de près de deux mètres. Ancien militant anti-apartheid, il a été entraîné par les services de l’espionnage russe à l’époque de la guerre froide et s’est retrouvé sans emploi lorsque l’Afrique du Sud a changé de régime. Après avoir fait des petits boulots il a finalement trouvé un emploi stable chez un mécanicien de moto et mène une vie tranquille avec la femme qu’il aime et le fils qu’elle a eu d’une première union. Jusqu’au jour où la fille d’un vieil ami le retrouve et, désespérée, lui demande son aide. Son père a été kidnappé et ses ravisseurs menacent de l’assassiner si la rançon qu’ils exigent n’est pas livrée à temps. Que faire ? Renoncer à cette vie paisible ? Risquer de tout perdre ? P’tit Mpayipheli n’hésite guère et découvre que le kidnapping n’est que la partie émergée d’un iceberg qui va le replonger dans le monde obscur et inquiétant de l’espionnage. Traqué par la police d’une Afrique du Sud en proie à de grands bouleversements, et par des services secrets qui n’ont rien oublié de leurs vendettas, il devra fuir à travers tout le pays sur une moto qu’il a dérobée. Mais il devra surtout lutter contre la brutale remontée de l’être sans âme qu’il était jadis lorsque tout était question de vie et de mort.

Films adaptés de romans

André Brink, Une saison blanche et sèche – Film : « Une saison blanche et sèche / A Dry White Season », 1989, réal. Euzhan Palcy

J. M. Coetzee, Au cœur de ce pays – Film : « Dust » (Belgique / France), 1985, réal. Marion Hänsel

J.M. Coetzee, Disgrâce – Film : « Disgrâce », real : Steve Jacobs

Athol Fugard, Mon nom est Tsotsi – Film : « Mon nom est Tsotsi », 2006, réal. Gavin Hood

Damon Galgut, La faille – Film : « The Quarry / A Cielo abierto / La Faille (Espagne, France, Belgique, Pays-Bas), 1998, réal. Marion Hänsel

Alan Paton, Pleure, ô pays bien aimé – Films : « Pleure, ô pays bien-aimé / Cry the Beloved Country » (Grande-Bretagne), 1951, réal. Zoltan Korda, scén. Alan Paton – « Pleure, ô pays bien-aimé / Cry the Beloved Country » (Afrique du Sud / États-Unis), 1998; réal. Darrell James Roodt

Karel Schoeman, Retour au pays bien aimé – Film : « Promised Land » (Afrique du Sud), 2002, réal. Jason Xenopoulos

Shawn Slovo, Un monde à part – Film : « Un monde à part / A world apart » (G.B), 1987, réal. Chris Menges

Marlène Van Niekerk, Triomf – Film : « Triomf », 2008, réal. Michael Raeburn.

Njabulo Ndebele, Fools – Film : « Fools » (Afrique du Sud), 1996, réal. Ramadan Suleman

Gilian Slovo, Poussière rouge – Film : « Poussière rouge / Red Dust”, 2004, réal. Tom Hooper

Allan Stratton, Le secret de Chanda – Film : « Le secret de Chandla », 2010, réal. Olivier Schmitz

Adresses utiles

La librairie compagnie a réalisé une bibliographie sur l’Afrique du Sud, récente et complète : http://www.librairie-compagnie.fr

Le site et la revue de référence des cultures africaines : http://www.africultures.com

Sélection de livres et d’articles sur des littératures du monde : http://www.bibliomonde.com

Les articles du Monde Diplomatique sur l’Afrique du Sud : http://www.monde-diplomatique.fr/index/pays/afriquedusud

Un blog, entre art et histoire, qui s’intéresse à l’Afrique du Sud : http://www.hartpon.info

Présentation générale et données démolinguistiques; proposée par l’université de Laval. : http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/afriquesud.htm

Site indépendant d’informations quotidiennes sur l’Afrique : http://www.afrik.com

Site du ministère du tourisme sud africain : http://www.southafrica.net

Actualité littéraire sud africaine : http://www.oulitnet.co.za