Août 152011
 

Nous accueillons avec enthousiasme l’élargissement du débat sur ​​l’avenir de l’Union douanière d’Afrique australe. Je tiens, toutefois, à mettre les choses au clair concernant l’approche du gouvernement sud-africain et à corriger certains malentendus.

Dans ce projet, certains estiment que l’Afrique du Sud n’y voit seulement  qu’une augmentation du recouvrement de recettes en provenance de l’union, que cette union constitue essentiellement un « marché captif » pour nos exportations et que la vision économique de notre pays est de plus en plus étroite et se tourne principalement vers le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine 1.

Le gouvernement est totalement déterminé à favoriser une intégration régionale mutuellement bénéfique en Afrique australe généralement et  en particulier dans l’union. Dans l’objectif de consolider cette union douanière, nous avons forgé une vision et un programme de travail communs en partenariat avec le Botswana, le Lesotho, la Namibie et le Swaziland de façon à permettre à l’union de rester pertinente, efficace et bénéfique pour tous.

Le programme de travail repose sur cinq piliers : la promotion du développement industriel régional, la facilitation du commerce, l’analyse de l’utilisation de l’instrument des recettes, l’établissement d’institutions communes et la mise en place d’un cadre approprié pour un engagement unifié dans les négociations commerciales avec des tiers.

Dans ce contexte, l’Afrique du Sud prend en charge un examen de la formule de partage des recettes. La récente crise économique mondiale a provoqué une contraction très nette du poids de l’ensemble des recettes. Ceci est un triste rappel que la dépendance persistante à l’égard d’une source de financement instable comporte d’énormes risques. À travers cet examen nous envisageons mettre en place un dispositif visant à permettre une meilleure prévisibilité dans le partage des revenus et à soutenir notre travail sur le plan du développement industriel régional et des infrastructures.

Nous nous opposons à l’idée que l’Afrique du Sud « subventionne » l’union parce qu’elle représente un « marché captif » pour nos exportations. Cela a pu être le cas sous le régime de l’apartheid, mais dans le contexte actuel de la nouvelle dynamique mondiale la valeur de l’union reposera sur sa capacité de se transformer en un vecteur d’approfondissement de l’intégration régionale dans une perspective axée sur le développement. C’est ce qui constitue un important point d’ancrage pour la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et une plateforme qui permet d’aboutir à un engagement harmonisé de relations commerciales mondiales approfondies.

Les industries ont historiquement été concentrées en Afrique du Sud, c’est la raison pour laquelle un facteur important et ambitieux de notre programme consiste à promouvoir le développement régional industriel. Une documentation approfondie et une expérience pratique des réussites des pays en développement nous révèlent que l’accès à une voie marquée par des rendements d’échelle croissants exige une identification et un renforcement de la valeur ajoutée des activités productives. L’union est bien placée pour jouer un rôle important dans le développement industriel de la région.

Elle s’associe à plusieurs économies plus petites et moins développées dans une union douanière avec le pays le plus industrialisé du continent. Nous avons convenu que, lorsque nous créons un cadre stratégique global pour une industrialisation régionale, nous devons déterminer les domaines spécifiques de collaboration et trouver des moyens de construire des chaînes de valeur transfrontalières complémentaires.

Nous envisageons l’amélioration et l’engagement de la base industrielle de la région ainsi que la mise en place d’une industrie manufacturière régionale répartie à grande échelle.

Les éventuels secteurs de coopération
Les secteurs de coopération possibles comprennent la transformation des produits agricoles, l’industrie de l’habillement, la fabrication d’automobiles et des composants et l’enrichissement des minerais. Nous avons besoin de cultiver et de défendre notre base industrielle et de la développer pour améliorer la compétitivité afin de soutenir la concurrence de la région sur ​​les marchés mondiaux de manière plus efficace.

Notre programme sur le développement industriel régional est complété par un travail sur la facilitation du commerce et l’identification des projets d’infrastructure transfrontaliers « difficiles » visant à réduire les coûts des transactions et à accélérer la circulation des biens et des services à travers les frontières intérieures de l’union. Nous élaborons également des principes et des procédures relatives aux engagements unifiés avec des partenaires commerciaux externes.

La vision économique de l’Afrique du Sud est large et intégrée. Le développement africain demeure une priorité de notre politique économique extérieure qui est devenu plus clair puisque les perspectives de croissance et de développement en Afrique se sont considérablement améliorées.

Pour exploiter pleinement le potentiel, nous devons, cependant, faire face aux défis de l’inadéquation de l’infrastructure, des marchés réduits et fragmentés, de l’insuffisante diversification de la production industrielle, des gammes de produits similaires entrainant un potentiel commercial relativement faible et du manque d’intégration verticale dans la production. La solution consiste à promouvoir l’intégration régionale du développement avec des programmes destinés à faire face aux obstacles fondamentaux.

En notre qualité de groupe le plus étroitement intégré en Afrique australe et orientale, nous sommes convaincus que l’union douanière peut constituer un point d’ancrage ou un noyau d’intégration plus poussé partout dans la SADC. L’union douanière peut jouer un rôle similaire dans le cadre des négociations tripartites pour un accord de libre-échange lancées au mois de juin en Afrique du Sud et qui comprennent l’Afrique du Sud, la Communauté de l’Afrique de l’est et le Marché commun de l’Afrique orientale et australe.

Une union douanière renforcée conduit à une base plus solide d’un engagement concurrentiel dans une économie mondiale en mutation rapide.

Les pays émergents, menés par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (rassemblés sous l’acronyme « BRIC »), représentent des nouvelles sources de croissance économique mondiale et de flux commerciaux et d’investissements.

D’après le Fonds monétaire international, ces pays représenteront 61% de la croissance mondiale dans trois ans. Il est également prévu que la part du commerce mondial des pays en développement va doubler au cours des 40 années à venir, passant de 37% en 2007 pour atteindre 69% en 2050.

L’union doit dépasser la dépendance excessive à l’égard des partenaires commerciaux traditionnels et renforcer l’engagement avec ces économies. Elle est en mesure de développer de nouveaux types de relations économiques avec les pays du BRIC, en donnant une plus grande importance à un engagement coopératif (comme dans les complémentarités industrielles), basé sur l’association  et en évitant une concurrence ruineuse.

Cela implique que l’union douanière des États membres établit des politiques industrielles et commerciales communes, un processus auquel l’Afrique du Sud est profondément attachée.

Publié par Mail & Guardian le 15/08/2011 par Robe Davies, ministre du Commerce et de l’Industrie.

Source : http://mg.co.za/article/2011-08-15-customs-union-gives-added-economic-clout