Le nouveau dirigeant zambien Michael Sata a ordonné à son ministre des Finances d’annuler la vente de la Finance Bank et de la rendre à son propriétaire Rajan Mahtani.
Le rêve qu’a la First Rand de contrôler la cinquième banque de Zambie ne tient plus qu’à un fil après l’annulation par le gouvernement de son rachat d’une grande banque zambienne.
Dans une action qui a choqué la direction du groupe de services financiers, coté en bourse à Johannesbourg, le nouveau président zambien, Michael Sata, a ordonné à son ministre des Finances, Alexander Chikwanda, d’annuler la vente de la Finance Bank à la FNB Zambia pour 5,4 millions de dollars et d’en rendre le contrôle à son propriétaire Rajan Mahtani.
La First Rand a acquis cette banque le mois dernier dans le cadre de sa stratégie d’expansion sur le continent africain. Il y a moins d’une semaine M. Sata a limogé le gouverneur de la Banque Centrale qui aurait approuvé la vente.
L’échec de l’opération intervient quelques mois après la confirmation par la First Rand de l’échec, pour des raisons de prix, des négociations entamées pour acheter la Sterling Bank du Nigéria.
Le Dr Mahtani, qui a qualifié d’illégale la vente de sa banque, est un personnage controversé en Zambie : il a été arrêté l’année dernière, soupçonné de blanchiment de fonds.
Suite à des allégations de mauvaise gestion, la Finance Bank a été mise sous tutelle par la Banque Centrale qui a demandé à la First Rand, à travers la FNB, de redresser l’établissement, ce qui a abouti à l’opération de rachat.
La direction de la First Bank, qui a pris soin hier de ne pas critiquer M. Sata, serait très choquée. Le groupe, qui avait déjà entamé des pourparlers pour intégrer la First Bank au sein de la FNB Zambia, cherchait hier encore, auprès des autorités zambiennes, des éclaircissements sur cet arrêt de la vente.
Le Dr Mahtani est monté au créneau dans les médias, affirmant que la vente de sa banque avait été faite par le précédent gouvernement pour « des motifs politiques ».
M. Sata, qui avait déjà prévenu des investisseurs chinois qu’ils devaient respecter la loi zambienne sous peine de se voir retirer leur licence, a déclaré que la vente était annulée parce qu’il n’y avait « pas d’acte de vente ».
Mais le PD-G de la FNB, Michael Jordaan, a nié que l’achat de la banque était illégal.
« Nous croyons fermement que tous les processus ont été respectés et que les accords trouvés avec la (banque centrale de Zambie) ont été conclus selon la loi zambienne. »
Des analystes soulignent que la décision de la Zambie met en évidence le risque politique qu’il y a à investir en Afrique, surtout après un changement de gouvernement.
« C’est un coup dur, surtout que je croyais l’affaire entendue », dit Johan Scholtz, analyste du secteur bancaire à Afrifocus au Cap. « C’est d’autant plus étonnant que la Zambie est un pays où les entreprises de distribution telles que Shoprite ont connu un grand succès ».
« Voilà ce qu’on risque quand on fait des affaires en Afrique et si certains partis politiques ne sont pas d’accord, ils ont la possibilité de faire marche arrière », dit Faizal Moolla, analyste bancaire chez Avior Research. « C’était toutefois une acquisition modeste et cela n’aura pas eu beaucoup d’impact sur la stratégie africaine de la First Bank. Mais c’est un précédent et ça laisse un arrière-goût désagréable ».
M. Moolla a dit que la FNB pourrait toujours se développer d’elle-même en Zambie mais que cela coûterait cher, pour ouvrir des succursales, installer des distributeurs automatiques et recruter du personnel. Mais il a fini sur une note positive concernant l’avenir de la FNB en Zambie, disant que la banque était toujours déterminée à investir dans ce pays et « continuera[it] à évaluer les options à mesure que la situation évolue[rait] ».
Business Day par SURE KAMHUNGA kamhungas@bdfm.co.za
Source : http://www.businessday.co.za/articles/Content.aspx?id=155010