Août 312011
 

Des partisans de Julius Malema manifestent, le 30 août 2011 à Johannesburg

On se serait presque cru, ce 30 aout, dans les rues de Johannesburg, autour de l’immeuble du siège de l’ANC, une vingtaine d’années en arrière. Quelques milliers de jeunes et de très jeunes, arborant des tee-shirts de l’organisation des jeunes de l’ANC, du Parti communiste, du syndicat Cosatu, mais aucun, cependant, à l’effigie du président Zuma. Ils étaient quelques milliers qui ont lancé beaucoup de slogans très radicaux, qui ont chanté les chants du passé, quelques violences contre des journalistes et des magasins du centre ville fraichement rénové. Une sorte de flash-back un peu anachronique de la part d’une organisation de jeunesse qui venait défendre son président en train de comparaitre devant la commission de discipline de son parti l’ANC. La séance a dû être reportée.

Est-ce une victoire pour le turbulent président de ANCYL, la Ligue des jeunes de l’ANC ? Aucune déclaration crédible n’a encore eu lieu qui aille dans ce sens. Ils étaient certes quelques milliers à soutenir dans la rue Julius Malema, mais c’était bien peu comparé aux 5,000 délégués, également très démonstratifs, du dernier congrès de l’organisation et des quelques 500,000 militants dont se réclame Malema.

Cette manifestation a montré le paradoxe dont le jeune dirigeant ne parvient pas à sortir : enflammer la jeunesse sur des revendications et des slogans du passé. Peu de propositions sur l’éducation, sur l’emploi des jeunes. La corruption est rendue responsable de tous les maux dont souffre l’Afrique du sud. Ce qui est certes vrai, mais l’analyse est un peu courte.

L’Afrique du sud n’est pas la Tunisie ou la Lybie. Certes, les injustices sont flagrantes, mais la démocratie n’y est pas formelle, en tous cas ni plus ni moins que dans d’autres pays plus développés. Dans ce contexte, le fait que toutes les institutions politiques se sont détournées de Malema est significatif. On a beaucoup murmuré dans la classe politique sur les soutiens dont il a bénéficié –dans l’ombre- de la part de certains courants au sein de la direction du parti au pouvoir. Leur but étant de gêner, sinon empêcher, la réélection  de Jacob Zuma à la tête de l’ANC lors de son prochain congrès. Des organisations comme la puissante centrale syndicale Cosatu, le Parti communiste s’en seraient bien servi de levier pour peser sur des aspects jugés trop libéraux de la politique gouvernementale. Sans oublier certains milieux « blancs » qui cherchent à en faire un épouvantail.

Au lendemain de sa comparution ajournée devant la commission de discipline de son parti, Malema apparaît très isolé, lâché par tous ceux qui l’ont soutenu -quoiqu’en soit leur raison. Exceptée Winnie Mandela et avec elle une partie de la jeunesse et du peuple des townships. Julius Malema n’est pas le leader d’une « révolution des protéas », mails la classe politique dans son ensemble aurait bien tort de pas entendre ce coup de semonce.